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De passagère moto à pilote
Étant tombé en amour avec un « tripeux » de moto, j’ai commencé à embarquer en arrière de lui pour faire des rides de moto. La première moto sur laquelle je me suis assise en arrière était une Aprilia tuono.
Le siège était à peine assez gros pour une de mes fesses (je suis certaine que vous vous posez la question si j’ai un derrière plus grand que la moyenne, hé ben non, je considère que j’ai un derrière de taille moyenne) et dur comme de la roche (le siège, pas mon derrière).
Lors de ma toute première ride, après les vingt premières minutes mon derrière a commencé à être engourdi. Mon copain me faisait des « thumps up » pour me demander si tout allait bien. J’étais bien trop fière pour dire le contraire, donc je faisais des « thumps up » en retour avec un grand sourire et dans ma tête je pensais à la souffrance. Après 30 minutes d’endurance, on est finalement arrivés à ma première belle courbe et c’est à ce moment précis que j’ai réalisé que j’aimais être sur une moto. Le sentiment incroyable quand on se couche dans les courbes m’a fait oublier l’inconfort que j’avais ressenti. Il y avait juste la moto, la route, moi et mon copain et on « tripait ».
Mon copain a assez vite changé de moto pour un KTM Superduke GT. On a commencé à faire des plus longs weekends et l’on a décidé de faire un voyage de deux semaines à moto.
On a fait livrer la moto à Las Vegas et l’on a fait un voyage à travers les parcs nationaux ainsi que la côte ouest des États-Unis. Le plus incroyable voyage de ma vie !
Après ce voyage, je me suis posé la question si j’aimerais faire de la moto moi-même. J’adore être en arrière, car mon copain conduit la moto depuis 30 ans et il a fait de la « ‘track » donc c’est un méchant bon conducteur. C’était aussi pratique, car organisé comme on est, on avait oublié à Montréal notre GPS qui contenait notre route pour les deux semaines. On a donc dû aller, en panique, acheter un nouveau GPS.
Chaque soir, on faisait notre itinéraire pour le lendemain. Le GPS ne se plaçait pas sur le support du GPS de moto, donc c’est moi qui l’avais en arrière et qui guidais mon copain à travers nos systèmes de communication dans nos casques. C’était donc très clair que j’adorais être en arrière de la moto, mais je commençais à avoir le goût de conduire ma propre moto.
Moi, conductrice de moto ?
Comment savoir si j’aimerais la moto ? Pour la voiture, mon père m’a amenée dans un parc industriel et il m’a fait essayer sa voiture. Je pouvais étouffer ou donner trop de gaz, pas de panique ou risque de dommage, car c’était désert. Il n’y avait pas d’obstacles et le véhicule avait quatre roues, alors pas de risque de chute.
J’ai donc subtilement abordé le sujet auprès de mon copain. Sa réaction était claire, il n’y avait aucune chance au monde que je pourrais essayer SA moto. On s’est donc posé la question : et si l’on allait en louer une à son nom pour que je puisse l’essayer. Finalement, on a trouvé plus sage de ne pas le faire. J’ai alors décidé de suivre mon cours de moto. Je sais, c’est quand même cher sans savoir si je vais réellement vouloir faire de la moto par la suite, mais on a juste une vie à vivre. J’économiserais sur les cadeaux de Noël que je voulais offrir aux autres.
Le cours de moto
Quand tu mentionnes aux gens de ton entourage que tu vas commencer ton cours de moto, ils se mettent toujours à te raconter les pires histoires qu’ils ont entendues sur les accidents de moto. C’est très encourageant. Un conseil, si quelqu’un vient vous annoncer qu’elle fait son cours de moto, faites juste la féliciter et pas lui raconter des histoires d’horreur.
Après trois heures de cours théorique et mon examen de théorie passé à la SAAQ, me voilà assise sur une moto Honda Rebel 250 cc sur un circuit fermé. Pendant huit heures, il fallait se pratiquer à basse vitesse, en tenant son point de friction, entre des cônes en se faisant crier après « regarde au loin, tu n’as pas fait ton gauche droite gauche (tourner la tête vers la gauche et la droite avant de partir pour s’assurer que le passage est libre). Ensuite, même chose, mais quatre heures sur une moto Honda CB500. Je dois vous avouer que ça commençait à me taper sur les nerfs et je me posais des questions si la moto était faite pour moi. J’ai réussi le cours sur le circuit fermé sans reprise, mais je me questionnais.
Après douze heures de circuit fermé, on avait enfin notre premier cours sur la route. On se prépare à partir en mettant nos beaux dossards jaune fluo. Nerveuse au début, car sur le circuit fermé on avait juste roulé à basse vitesse et l’on n’avait pas d’obstacles ou de distractions autres que les “maudits” cônes.
Au début, je n’étais pas certaine, mais au fur et à mesure qu’on roulait, j’y prenais goût. J’avais hâte au deuxième cours sur la route. J’ai adoré faire mes premières courbes ! Avec mon copain, on touche quasiment avec nos genoux à l’asphalte quand moi je prenais une courbe, je ne m’inclinais même pas de deux pouces. Il y a du travail à faire !
Pour mon dernier cours sur la route, nous allions faire des entrées et sorties d’autoroute. J’ai soupé le soir avant ce cours avec une de mes amies, qui maladroitement m’a raconté des histoires de motocyclistes qui se sont trouvés aux urgences après une chute. En revenant de ce souper, j’avais quarante-cinq minutes d’autoroute à faire. J’ai observé chaque entrée et sortie d’autoroute. Les courbes ne finissaient plus, faisaient des 360 degrés, des virages serrés…
La peur a pris le dessus. Je pense avoir fait ma première crise d’angoisse. J’étais en petite boule dans mon lit avant mon cours. Mon copain me parlait et je l’entendais même plus. J’ai finalement réussi à me convaincre en me disant qu’il fallait que j’essaye et que je devais finir mon cours. Au pire, si je n’aime pas mon expérience, j’en ferais plus. Je m’étais rendue trop loin pour baisser les bras maintenant. Je me suis donné un coup de pied dans le cul et j’y suis allé.
On a d’abord conduit pendant une heure dans des petits chemins de courbes, ce que j’aimais. Ça m’a permis de reprendre confiance. On s’est arrêté proche d’une entrée d’autoroute, le prof nous a donné quelques instructions et l’on est parti. La courbe était malade ! Une fois sur l’autoroute, je pouvais enfin ouvrir les gaz. Je me sentais libre avec mon dossard fluo jaune au vent comme une cape de super héros.
J’ai réussi mes cours de moto et je suis allée faire mon examen de pratique. Un des exercices est nommé le contrebraquage. C’est un exercice pour t’apprendre à éviter un obstacle à plus de 25 km/h, comme, disons un chevreuil qui croise ta route. Tu dois rouler droit vers deux lumières. Si la lumière droite allume, il faut que tu fasses un contrebraquage vers la droite. À l’examen, j’ai roulé droit vers les deux lumières à 25 km/h et je n’arrêtais pas de penser : “quand est-ce qu’elle va s’allumer cette lumière, elle ne s’allume pas, maudit, allume-toi” et finalement j’ai choisi de contrebraquer vers la gauche juste quand la lumière droite a allumé. @!£%!! j’ai perdu 12 points pour mon erreur et 2 points car j’ai pris ma courbe trop lentement. On a le droit de perdre 25 points avant d’échouer. Lorsque j’ai quitté le terrain d’examen, l’instructeur m’a dit : “tu as anticipé au contrebraquage”. Comment ne pas anticiper ? Quelqu’un te dit qu’il va y avoir un chevreuil qui va apparaître quelque part dans quelques instants, tu n’anticiperais pas ? On en a ri. J’ai ri avec lui, car j’avais réussi mon examen. Je ne sais pas si j’en aurais ri autant si je l’avais échoué.
En tout cas, j’ai réussi !
À toi qui doute, qui a peur ou qui est stressée, sache que c’est possible. Si j’ai pu le faire, tu peux aussi. Le sentiment d’accomplissement dépasse toutes les angoisses que tu auras.