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Rendre l’impossible réalisable, c’est ce que j’applique dans ma vie au quotidien.
Il y a un peu plus de deux ans, j’ai fait l’inventaire de mon bonheur, j’ai défini ce qui me tenait réellement à cœur. J’ai d’abord identifié mes besoins : le sentiment d’être libre, l’adrénaline, le désir de dépasser les limites du réalisable et le besoin d’être seule avec mes boules de poils. J’ai cherché ce qui pourrait combler l’ensemble de ces besoins et j’en suis venue à la conclusion : l’Ouest canadien, un endroit avec des montagnes majestueuses, où je peux me sentir réellement libre. J’ai longtemps voulu un campeur pour partir à l’aventure; et construire MON cocon, de mes propres mains et de la façon dont je l’imagine, ça me semblait être un beau projet motivant.
C’est à ce moment-là que le party commence ! Je me lance dans la recherche d’un van pour partir à l’aventure, trois mois dans l’Ouest, en plein hiver. « Tu sais », quand la fille ne veut pas faire les choses à moitié, bien c’est ça que ça donne. En octobre 2019, mon choix s’est arrêté sur un Sprinter Mercedes 2014, bien cabossé à l’extérieur, mais avec un bon moteur de 75 000 km, exactement comme la fille finalement. Je l’ai aussi surnommé le deuxième gouffre financier; un ce n’était pas assez (motoneige), aussi bien en avoir deux! J’avais comme objectif de partir pour l’Ouest le 26 décembre 2019 avec ma motoneige, mon chien et mon chat (Feu Bruno, RIP au plus beau chat). Travailler 40 heures par semaine, donner des cours d’entraînement 2 soirs par semaine et construire le van en moins de 3 mois, c’était ça le plan de match…
Pour les intéressé(e)s, voici les différentes étapes de la construction. C’est un peu long; vous pouvez donc vous rendre directement à la section « départ » pour sauter directement à l’aventure!

Les étapes de la construction

La première étape, c’est de s’entendre avec soi-même sur un plan d’action; je n’imagine même pas faire le projet à deux, je m’auto-obstinais… J’ai pris des mesures, je me suis fait un schéma avec du ruban à peinture pour essayer de me donner une idée de quoi ça pourrait avoir l’air. Ensuite, j’ai utilisé une brosse en acier pour enlever la rouille sur le plancher avant d’appliquer une peinture antirouille. J’ai aussi donné un peu d’amour à la carrosserie extérieure qui était aussi affectée par la rouille, principalement au-dessus du pare-brise.


Le plancher


Étant donné que le plancher avait du relief, j’ai dû couper du papier bulle et le coller dans les espaces où c’était nécessaire afin d’obtenir une surface nivelée. Ensuite, j’ai coupé de la mousse (foam 1’’) que j’ai collée sur le plancher. Ça semble bien facile comme ça, mais je peux vous dire que je n’aurais pas eu de collant sur mon bulletin à la maternelle pour les contours de roues! C’est loin d’être bien coupé, mais l’essentiel est là ! Quant au revêtement pour le plancher, j’ai eu, à un bon prix, des planches de vinyle que l’on peut coller. Si c’était à recommencer, j’installerais un linoléum en un seul morceau. Le revêtement que j’ai installé a travaillé avec les changements de température : il y a des petites craques, rien de majeur… mais bon…


L’installation des fenêtres
Il y a des moments où l’on doit se rendre à l’évidence que nous ne sommes pas « maîtres » dans tout. La perfection, ce n’est pas ma force principale, disons. J’ai donc choisi de faire installer mes fenêtres et mon ventilateur de toit par des professionnels. Je préfère regarder la pluie de l’intérieur, que de la voir s’infiltrer à l’intérieur : on appelle ça choisir ses combats!!!

Chauffage
Voyager en hiver nécessite un chauffage performant et de qualité. J’ai donc choisi un Espar D4, l’un des plus puissants pour ce type de véhicule. C’est un chauffage diesel, soit celui qui est utilisé dans les camions de transport. C’est une trappe par laquelle l’air chaud sort. Encore une fois, j’ai dû faire appel à un professionnel pour installer mon chauffage diesel. Mais j’étais présente lors de l’installation : le gentil monsieur qui s’en est chargé s’est fait un plaisir de me transmettre sa passion. J’ai d’abord installé un réservoir externe pour finalement l’intégrer directement à mon réservoir de diesel, quelques mois plus tard.

Électricité
Ma bête noire… Heureusement que j’ai des amis en or qui m’ont aidée à brancher mon panneau solaire et m’ont donné un cours de base pour faire le restant du filage.
Le système solaire comprend deux batteries AGM, plus performantes que des batteries ordinaires, mais moins performantes que des batteries au lithium.
Les « Carodollars » se font rares, alors on doit faire des choix ! Je parviens tout de même à avoir une très bonne autonomie : je peux toujours démarrer le van quand les batteries sont trop faibles et elles se rechargent. Grâce à ce projet, j’ai réussi à installer mes lumières, j’ai appris à faire des connexions (qui m’ont été utiles pour refaire le filage de ma remorque) et à installer des prises.

Isolation

Pour éviter de consommer trop de diesel pour le chauffage, il était primordial d’avoir une bonne isolation. J’ai eu la chance d’avoir accès à une machine à uréthane à mon travail. Puisque les jours étaient comptés avant mon départ (nous étions le 21 novembre déjà à ce moment), j’ai opté pour l’option facile et rapide. Il y a des méthodes plus efficaces, mais plus coûteuses et qui nécessitent plus de temps.

Construction de la coquille intérieure
L’uréthane vert est bien utile, mais ce n’est pas chic, chic. J’ai donc magasiné, dans les quincailleries, les panneaux décoratifs les moins chers, que j’ai installés. J’ai utilisé des vis à métaux, que j’ai vissées directement dans les travers prévus à cet effet. Concernant le plafond, j’ai dû visser en premier des planches de bois, car je voulais utiliser des clous de finition pour installer mon lambris – que j’avais pris soin de teindre au préalable. Avant de compléter la finition, j’ai fait mon circuit électrique pour les lumières et les prises. Ce n’est pas évident de ne rien oublier et de placer au bon endroit les lumières et les prises quand ton plan change quotidiennement. Plus je pense, plus je perds du temps, plus j’angoisse : alors je passe en mode action-réaction et je vivrai avec les conséquences, aussi minimes qu’elles soient.

Construire un van demande de tout prévoir. Chaque étape dépend d’une autre.
C’est vraiment très important d’écrire pour réaliser si nous ne passons pas à côté de quelque chose. En installant ma finition intérieure, je devais m’assurer d’identifier les trous qui permettraient de visser les boulons. Pourquoi ? Parce que c’est dans ces trous que j’allais pouvoir visser les boulons qui allaient supporter mon lit. De simples vis ne pourraient pas supporter le poids. Pour l’instant, je fais uniquement les supports : le lit, c’est la dernière étape!

Échelle
Panneau solaire et hiver signifient : « Caro, trouve-toi un moyen de déneiger le toit ! » Quoi de mieux qu’une journée soudure, avec ma soudeuse préférée, pour construire une échelle que j’installerai sur la porte arrière et qui me donnera accès au panneau solaire !

Armoires
20 décembre. Les armoires Ikea sont arrivées !! J’invite mes amies d’amour, qui sont toujours présentes dans mes projets les plus fous. Je suis comme la bouteille de Tabasco dans la meute : j’ajoute un peu de piquant !
Pour réaliser le projet dans le délai prévu, je devais déléguer des tâches. C’est avec plaisir que mes amies ont accepté de découper, dans du papier bulle, les isolants pour les fenêtres. Et question de mettre les femmes de ma vie encore plus en valeur : c’est ma merveilleuse amie qui a confectionné les couvre-fenêtres isolantes. Le résultat est magnifique et fait toute la différence dans le décor intérieur !!
Revenons à mes caissons Ikea : pour m’assurer que les armoires soient bien fixées au sol, j’ai construit un support de bois que j’ai collé et vissé au plancher avec des équerres de renfort. J’ai ensuite collé et vissé les caissons sur le support de bois.

Les armoires du haut : mon pire cauchemar. Elle en a vu des larmes de découragement cette boîte de tôle-là! Puisqu’il s’agissait d’un angle rond, je devais construire le cadre des armoires. Avant de comprendre comment faire l’angle parfait, j’ai longtemps analysé le tout. Une fois cet angle rond réussi, il ne me restait seulement qu’à visser les pentures des portes d’armoires.
C’est définitivement l’étape qui me rend la plus fière; fidèle à moi-même, la persévérance m’a récompensée.

Malgré tous les efforts que l’on peut faire pour se donner accès au bonheur, la réalité c’est que nous ne contrôlons pas tout. Le 21 décembre, ma vie a fait un 180º, et j’ai dû remettre le projet à l’année suivante.
Malgré tout, j’ai gardé le même objectif. Ce n’était que partie remise !!

La finition

J’ai continué le travail là où je l’avais laissé. J’ai installé mon comptoir, fait le trou pour insérer l’évier et fixé le tout. J’ai appris à être une plombière l’instant d’un moment! J’ai construit une banquette qui allait servir de rangement et je l’ai recouverte des planches de lambris qui étaient de trop pour mon plafond. J’ai ensuite utilisé le morceau de comptoir que j’avais coupé pour l’évier pour en faire une table rétractable en utilisant des extensions de tiroirs.


Sous mon lit, j’ai installé des tiroirs pour y ranger tout ce qui est nécessaire en cas de bris mécaniques. Je voulais faire cette partie suffisamment haute pour que je puisse amener mon vélo (j’enlève la roue d’en avant et le tour est joué). Et, finalement, j’ai installé le lit!!!


Le départ

Je n’avais pas réalisé l’envergure du projet avant de prendre le temps de vous l’écrire ! Ça paraît pire que ça ne l’est vraiment mais, pour moi, ce fut définitivement de loin le projet le plus exigeant émotionnellement à réaliser. M’aimer suffisamment pour faire de moi une priorité, ce n’est pas si facile à réaliser! Apprendre à être égoïste quand ce qui me rend heureuse c’est le sourire des autres en ma présence. À l’école, on ne m’a pas appris comment prendre soin de moi et personne ne peut le faire à ma place. J’ai longuement cherché l’équation de mon bonheur. J’ai additionné quelques variables à grands coups d’essais et d’erreurs pour voir les résultats.
Quand les échecs s’accumulent, la question se pose : est-ce que la vie veut me parler, quand est-ce que je sais exactement que je pousse trop et que je dois abandonner ?

Un jour, quelqu’un m’a dit de garder la tête haute : c’est fièrement que je regarde vers l’avant, déterminée à me sentir plus vivante que jamais. La vie fait tellement bien les choses, il suffit de l’écouter et de foncer. On n’atterrit pas toujours là où on l’espérait, mais ça ne veut pas dire qu’on n’y découvrira pas ce que l’on recherche.
Allons découvrir de nouvelles variables : c’est quoi le travail à distance, une saison de motoneige à Revy et une fille qui « try de speak en english better than jamais!»
Me voilà en route…
Merci à tous ceux et celles qui ont contribué à la construction de mon nouveau moi.
Merci à la plus belle compagnie et surtout la plus humaine: Outland Québec, une division de Dexterra


Je me définis maintenant comme une femme forte indépendante (strong, independant woman) à part entière, quand même toujours à la recherche d’un prince!! Et j’espère sincèrement que mes aventures vous donneront envie, à vous aussi, de réaliser ce que vous jugez impossible.

2 Commentaires
Wow génial tu as beaucoup de courage…un exemple !
Chapeau