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Salut les fans de moto!
Je me présente : Cendrine Lavoie (oui oui…avec un C), première femme mécanicienne moto chez Léo Harley-Davidson en 45 ans d’histoire. Je souhaite partager mon cheminement, mes expériences, mes passions, et de participer à la valorisation des femmes dans ce monde principalement masculin par tradition. Je serais heureuse de montrer que c’est possible de se faire une place dans ce monde… Que TOUT est possible.

Mes débuts…
J’ai commencé à faire de la mécanique dès l’âge de 5 ans alors que nous avions des petites motos tout terrain à la maison. Je coursais autour de la grange et j’allais dans le champ, coiffée de mon petit casque, et le sourire fendu jusqu’aux oreilles! Si je brisais ou abîmais la moto, j’apprenais à la réparer sous l’oeil attentif de mon beau-papa.
J’ai même déjà improvisé un obstacle pour sauter, fait de blé d’Inde et de planches de bois…Laissez-moi vous dire que ça n’a pas été un grand succès! Plus tard, mon amour pour tout ce qui fait «vroum vroum» m’a amenée à jouer avec des motoneiges, des VTT jusqu’à ce que, enfin, je réalise mon rêve…posséder ma propre Kawasaki Ninja!

Parallèlement à mon amour et à mon intérêt pour la mécanique, j’ai pratiqué le cheerleading et la gymnastique pendant 10 ans. J’adorais ça! Comme on ne bouge jamais trop quand on est Cendrine, j’ai aussi fait de la danse, soit du ballet jazz et du hip-hop durant 5 ans. Toutes des activités bien féminines pour une fille qui aime se beurrer d’huile et sentir l’odeur du gaz!

C’est une question d’ambition
Mon choix de carrière était très clair depuis longtemps…mais ce n’était pas exactement celui que mes parents auraient voulu pour moi. D’une part, mon père voulait que je demeure sa petite princesse et, d’autre part, ma mère ne me voyait pas tout à fait dans le milieu difficile de la mécanique. Mon petit papou a refusé mon choix de carrière à deux reprises en tentant de me diriger vers la coiffure ou l’esthétisme. Des choix plus féminins, selon lui…
Laissez-moi vous dire que, malgré tout le respect que j’ai pour ces métiers, ce n’était pas du tout pour moi! Même si mon choix était déjà fait, j’ai dû faire un pacte avec mon petit papou: aller au cégep pour une session et, si je n’aimais pas ça ou si je ne trouvais pas une branche d’études qui m’allumait, il allait peut-être considérer me laisser suivre mon chemin en mécanique.
Pour être honnête, j’ai foiré ma session au cégep un peu (beaucoup) volontairement. Quand est venu le temps des tests d’admission pour l’école de mécanique, je peux vous confirmer que mon père m’y a conduite, mais plutôt de reculons. J’ai réussi les tests d’admission (à son grand désarroi) et terminé ma formation avec succès!

Faire sa place dans le monde de la moto
J’ai été embauchée au garage de mécanique automobile de mon beau-père et de ma mère dès ma première session et ce, durant les quatre années qui ont suivi. Des années relativement difficiles.
Ce n’est pas facile de travailler pour ses parents : toujours avoir l’impression de ne pas en faire assez aux yeux des autres, d’être «la fille du proprio», ne pas se faire prendre au sérieux et ne jamais oser prendre des initiatives de peur de se faire reprendre.
Même les clients se demandaient ce que cette petite blonde pouvait bien faire dans un garage. Je trouvais cela de plus en plus difficile d’exercer mon métier et j’étais en train de perdre ma passion pour la mécanique.
C’est alors que Danny, mon merveilleux copain (c’est lui qui voulait que j’écrive ça), m’a parlé d’un poste disponible en mécanique de motocyclettes chez Léo Harley-Davidson. Quelle opportunité de rêve!
Vous ne savez même pas à quel point ça me faisait peur d’aller en entrevue, non pas parce que je ne croyais pas en moi, mais bien parce que, dans ma tête, je n’avais pas les compétences requises pour y travailler.
J’ai pris mon courage à deux mains et j’y suis allée. J’ai rencontré la gérante des services Maggy Michaud, une femme avec un parcours à souligner : elle est à la tête d’un gros département géré traditionnellement par des hommes, et elle le fait de main de maître!
Bref, elle et moi avons vraiment connecté. J’ai commencé deux semaines plus tard à mon propre poste de travail, au sein de l’équipe extraordinaire des techniciens/techniciennes de Léo Harley-Davidson.

Aujourd’hui…
Aujourd’hui, j’ai non seulement retrouvé ma passion pour la mécanique, mais je suis certifiée 3e niveau (STAFF) Harley-Davidson en voie de devenir «Master Technician HD». Ma patronne croit en mes compétences et me confie de très beaux mandats en mécanique. Je peux dire fièrement que je suis la première femme mécanicienne en 45 ans d’histoire chez Léo Harley-Davidson, que j’ai réalisé mon rêve d’enfance envers et contre tous, et que j’adore mon métier.
Me voilà, moi, mon histoire. De cheerleader «girly» à mécanicienne de «bécykes», entourée de gros «bikers» barbus!
Au plaisir!