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C’est donc à mon tour de me présenter en tant que nouvelle recrue ou « cousine » venue tout droit de France !
Je me prénomme Audrey mais mes amis me surnomment « Audre » allez savoir pourquoi. Je suis donc une fille, et par définition un peu chiante. N’allez pas me contredire les filles, vous savez comme moi que nous avons ce petit côté qui tape sur le système des gars, et qu’ils aiment malgré eux !
Du coup, cette qualité (oui n’ayons pas peur des mots !) m’a valu un petit sobriquet très distingué et assez représentatif : « Kassburn ». Je vous en dirai plus sur ce surnom un peu plus loin dans ma présentation n’ayez crainte !
Je vais bientôt avoir 26 ans, le temps passe trèèès vite ici-bas. Comme vous toutes, lectrices ou rédactrices, je suis passionnée des sports mécaniques même si je ne les pratique pas tous (heureusement sinon je me serais déjà brisé le cou trop de fois…).
Mon expérience en 2 roues a commencé dès mon plus jeune âge, par l’acquisition d’une moto électrique sur laquelle du haut de mes 3 ans, je parcourais infatigablement kilomètre sur kilomètre, jusqu’à ce que la batterie rende l’âme.
Un peu plus tard, mon papa a passé son permis moto, et m’emmenais donc à l’école sur son beau bandit bleu nuit. Qu’est-ce que j’étais fière perchée sur ce cheval d’acier ! C’est donc là que tout a débuté : une fois l’odeur de l’essence dans le nez, j’ai été prise au piège !
Mon aventure 2 roues s’est précisée lorsque l’un de mes cousins s’est pris de passion pour le cross, et s’est mis à tourner en SX. Une des compétitions de l’époque comptait Edgar Torronteras, de qui j’ai pu obtenir un autographe du haut de mes 11 ans. Vous n’imaginez pas la joie dans laquelle je me trouvais : ébahie et absolument muette !
Et puis, plus rien… J’ai changé de cible et pendant 8 ans je me suis focalisée sur l’équitation loisir en club. A défaut de moto, j’avais l’odeur du crottin ancrée dans les cheveux.
Et puis la vie fait que l’on rencontre des nouvelles personnes qui nous ouvrent des perspectives que nous n’aurions jamais imaginées !
Par là j’entends que je me suis liée d’amitié en 2011 avec plusieurs personnes qui pratiquaient la moto sur route, ainsi qu’un peu d’enduro et du cross. Et voilà, je suis retombée dedans à nouveau ! J’ai pu m’éclater sur terrain sur mon petit 75YZ grandes roues, et de l’enduro dans des bons chemins de boue bien défoncés sur mon fidèle 125TTR. Pro Yamaha chez nous et oui ! Nous avions à l’époque une petite écurie bien sympa composée de différents modèles : 75YZ G.R / 75YZ P.R / 125YZ / 250YZ / 250WRF. Je peux vous confirmer que ça chantait fort dans notre équipe de Schtroumf !
Je me suis donc bien éclatée pendant presque 2 ans à manger du sable, par vent et marées, à manger du sable ou de la poussière. Un vrai garçon manqué dans cette équipée de 5 mecs ! Je me sentais à ma place : pas de chichi, pas d’embrouilles. Mes amis pouvaient deviner à ma tête le lundi matin que j’étais allée rouler : malgré la douche et une bonne nuit de repos, je reniflais encore le 2 temps !
Et j’ai dû continuer mes études… Le niveau augmentant, j’avais de moins en moins de temps pour me consacrer à la moto, et j’ai donc dû à contre cœur délaisser mes chevaux mécaniques pour me mettre le nez dans les cahiers. Je n’avais cependant pas dit mon dernier mot ! Complètement piquée par le virus du 2 roues, je me suis orientée bon an mal an vers la moto de route.
Dans un premier temps je me faisais promener par des amis sur la selle arrière, goutant à la d’adrénaline de la vitesse (toujours raisonnablement) et au sentiment de liberté. J’étais tellement accro que j’ai réussis à convaincre un ami de m’emmener faire un tour en plein mois de Janvier par 1°C. Cela peut vous paraitre ridicule vous les Québécois(es) mais chez nous c’est la fin du monde ! Cette petite virée nous aura valu des doigts congelés et un bon rhume, mais des supers souvenirs.
Je n’aurais donc patienté que 6 mois pour m’inscrire au permis moto. Là je vous préviens ça devient un peu moins drôle. Mon père travaillant sur les autoroutes, il intervient pour baliser les différents évènements survenant sur la chaussée, accidents y compris. Il a donc « ramassé » comme il dit bon nombre de motards, fautifs ou non, entiers ou non, plus morts que vivants… C’est dur à lire, mais ça a été très dur à entendre également de la bouche de son propre père. J’ai promis de faire attention, mais cela ne servait à rien, j’avais bien compris que je n’aurais jamais son approbation, et encore moins celle de ma mère.
C’est donc un peu esseulée que j’ai passé mon permis A2, bridée à 42,5cv. Et là a commencé l’attente. Etant étudiante, je n’avais pas les moyens de m’acheter ma propre moto ; je n’ai fait l’acquisition d’un ER6F que 9 mois après l’obtention de mon permis. Cela me parait peu de temps maintenant que j’y repense, mais c’était une éternité pour moi à l’époque !
Une fois que je l’ai ramenée chez moi, je prenais la moto pour tout et n’importe quoi : aller à l’école, aller chercher le pain, faire des balades seule ou accompagnée, … J’ai rencontré à nouveau plein de gens, plus ou moins intéressants, qui m’ont aidée, conseillée et intégrée dans la « communauté motarde ».
J’ai même rencontré mon ex petit ami, « chum » (c’est bien ça ?) qui était lui-même motard. Cette histoire a duré 2 ans et des kilomètres parcourus à moto dans les forêts, sur les routes de campagne, à la recherche de la position parfaite. Lui était plus expérimenté que moi, un peu plus « tête brulée » (un mec quoi) et avait pour habitude de se tirer la bourre en forêt le dimanche matin. A force de me raconter ses récits de roulage et d’excès de vitesse, l’envie de pratiquer la moto sur piste lui est venue. Et voilà qu’il était parti dans un univers qui me dépassait totalement : faire de la moto en rond ! Quelle idée ! La dimension loisir et passion sur un parcours identique tout une journée me dépassait totalement.
Puis un soir, lors d’une « soirée girly » j’ai rencontré une nana qui m’a scotchée et impressionnée : une « pistarde » comme elle se qualifiait. Ce mot barbare m’a intriguée et j’ai voulu en savoir plus. C’est là que son point de vue sur la moto sur piste a pris toute sa dimension. Elle m’a évoqué la vitesse, l’adrénaline, le dépassement de soi, les frissons, la cohésion au sein de cette communauté de « pistards » … Ni une ni deux, j’avais pris ce soir-là la décision d’essayer la piste !
Ma deuxième vie « moto » a alors débuté.
Une fois par an le célèbre circuit de Carole située en Ile de France, organise 2 matinées de roulage spécialement réservées aux filles afin de leur faire découvrir la piste. Ces matinées sont encadrées par des moniteurs brevetés d’Etat, et elles proposent 3 à 4 sessions de roulage de 15 à 20min par matin. (Plus d’infos par ici : http://www.circuit-carole.com/roulage-conseil-gratuit-100-feminin/)
Ni une ni deux, je me suis donc inscrite avec mon er6F. Accompagnée de mon copain de l’époque, j’ai pris la direction du circuit à moto, angoissée comme jamais. Incapable d’avaler quoi que ce soit du petit déjeuner proposé par les organisateurs, je me suis équipée, toute tremblante après avoir fait vérifier mon équipement conforme à la pratique de la piste.
Je vous passe les détails, sauf ma fierté de ce jour-là : mon poser de genou droit au virage appelé « Hôtel » lors de la 3ème session ! Le matraquage sur route par rapport à ma position avait donc fini par porter ses fruits ! Je suis sortie de piste surexcitée, et complètement convaincue et séduite par cette discipline qui m’interrogeait encore quelques jours auparavant. La dernière session a été marquée par un tirage de bourre avec une autre fille, qui m’a valu de découvrir le sentiment de compétition et qui m’a entrainée à rouler de plus en plus vite !
Déterminée plus que jamais, j’ai entrainé mon copain à nous inscrire sur un circuit afin de faire mes premières armes de manière plus intense. Armée de mon CBR 600rr de 2004 rouge pétant très gentiment prêté par ce même copain, j’ai fait mes premiers tours de circuit en sportive ! Les sensations sont rapidement venues, la vitesse quant à elle est arrivée au fur et à mesure. Ayant été boostée sur route pour avoir une bonne position sur la moto, l’angle est venu rapidement, au point que le « téton » de mon cale pied droit a frotté la piste, ce qui m’a fait peur et m’a valu un tout droit dans l’herbe à ma deuxième session ! Pas démontée pour autant, j’ai enchainé les tours et les sessions tout au long de la journée. Arrivée au soir, j’avais des étoiles dans les yeux et je n’avais envie que d’une chose : recommencer ! (Bon je vous passe l’épisode des crampes du lendemain qui m’ont valu une démarche de cow-boy pendant 2 jours !)
Et de là tout s’est enchainé. J’ai rencontré de nouvelles personnes, qui m’ont poussée à sortir de ma zone de confort. En 2016 une course réservée aux femmes, la « Womens cup » voyait le jour. Le but était de médiatiser le sport moto au féminin, et de rassurer et d’inviter les femmes à se lancer sur piste et même à faire de la compétition. Cette organisation nous la devons à plusieurs femmes passionnées de moto et notamment Emma Claire, responsable du comité FFM Motocyclisme au féminin. Grâce à elles, la première course féminine s’est déroulée en ouverture des 24h du Mans, qui est un évènement moto phare en France !
Du haut de mes 163cm, perchée sur mon destrier aux coloris de Némo, le surnom de Kassburn est arrivé. « Tu es petite mais dis donc tu sais ce que tu veux et tu sais le faire entendre hein Casse B*rnes ! » Et bien voilà, le mal était fait, plutôt que d’en avoir honte, j’ai décidé d’afficher fièrement mon nouveau blase comme une bannière, cousu de manière ostentatoire sur ma combi. La photo parlera d’elle-même !
J’ai donc pris le départ de cette fameuse course, sans aucune prétention, juste pour le plaisir de faire partie de cette première édition et de rouler sur un circuit mythique dans le cadre historique des 24h.
Après 1 année de bons et loyaux services, j’ai fait le choix de me séparer de mon CBR pour acquérir une YAMAHA r6 de 2010. Là je peux vous dire que j’ai changé de catégorie directement, et que mes bras se sont ostensiblement allongés. Toujours très bien entourée, j’ai pu progresser à mon rythme durant l’année 2017 en participant une nouvelle fois à la Womens Cup, ainsi qu’à une manche du championnat de France « PROMOSPORT » dans la catégorie « PROMO Découverte ». Malgré mon manque d’expérience et de régularité dans mes entrainements, la compétition me permet de me surpasser et de rouler plus vite que ce que je ferais en roulage libre.
De plus, l’esprit d’équipe n’est pas un mythe sur les paddocks, l’ambiance est très amicale et les soirées endiablées ! Une fois sur piste c’est une autre histoire, mais c’est ça la magie de la compétition !
Je profite donc de chaque instant, chaque moment passé avec mes amis « pistards », je prends et étudie chaque conseil afin de toujours progresser et devenir une meilleure pilote ! Mon meilleur allié se prénomme Paul, c’est lui qui me redonne confiance dans les moments de doutes, qui m’aide à la préparation / réparation de ma moto etc. Il a son propre mentor alias Benji#10, qui veille sur nous avec ses compétences de mécanos et de pilote chevronné. La liste est longue, des pistards de passage ou connus depuis plus longtemps, tous les instants sont propices à la rigolades.
Je n’ai qu’un conseil à donner à celles qui n’osent pas tester la piste : foncez ! Suivez vos envies, entourez-vous de personnes passionnées et vous découvrirez un univers à qui il est difficile de dire au revoir durant la période hivernale…
Aujourd’hui je suis ravie de pouvoir rejoindre la communauté Chicks And Machines, qui colle parfaitement à l’idée que j’ai des femmes dans le milieu mécanique : de la passion, de la compétition, une touche de girly sans prise de tête !
Bien à vous,
Audrey alias Kassburn