Un côté blé entier... et un côté pas mal givré!
Bonjour cher.ère.s passionné.e.s de moteurs!
C’est avec beaucoup de fébrilité et d’enthousiasme que j’écris ce premier article de présentation pour Chicks And Machines.
Petit côté blé entier
Je m’appelle Cindy et je suis maman de 2 coquinos de 8 et 11 ans, tante à 7 reprises et même 2 fois arrière-tante. Fille de bucheron, j’ai grandi dans un petit village de 800 habitants situé 3 heures au nord de Montréal. J’ai toujours été assez habile dans les sports et assez débrouillarde dans les domaines manuels tel la construction et la mécanique.
Je suis technicienne en ingénierie méthodes chez Airbus Canada et je travaille dans l’aérospatiale depuis presque 20 ans. Construire des avions est un domaine fascinant, surtout que j’ai la chance de travailler sur l’aéronef le plus révolutionnaire des dernières années : le C-Series, maintenant connu sous le nom de A220. Il s’agit d’un magnifique oiseau volant de création québecoise. C’est avec émerveillement et dévouement que moi et mes collègues avons participé à la conception et à la construction du tout premier FTV1 (flight test vehicle). Nous avons vu les certifications s’accomplir une à une jusqu’à son tout premier vol en 2013. Depuis, c’est plus de 150 avions que nous avons livrés et qui volent au 4 coins de la planète.
Petit côté givré
Quoique j’adore mon métier, je suis assise derrière mes écrans d’ordinateur la majorité du temps. C’est pourquoi ma vie personnelle est drôlement plus extrême et mouvementée. Je suis pilote de motocross! Bien que la majorité des coureurs/coureuses de motocross ont débuté la moto très jeune, en suivant les traces de papa, mon parcours est plutôt atypique.
Dans mon temps à moi…
Mes parents n’ayant jamais eu d’intérêt pour ce sport, c’est plutôt mon frère de 7 ans mon ainé qui s’est élancé dans cette aventure en achetant une moto TT225 1987 pour rouler entre potes dans les pits de sable du patelin où on habitait. C’est avec de nouveaux amis rencontré au fil du temps qu’il a débuté les courses de motocross, pour ensuite transiger vers les courses d’endurocross.
J’ai toujours aimé regarder mon frère, naturellement talentueux, s’entrainer et courser sans toutefois jamais penser que moi aussi, je pourrais pratiquer ce sport. Tsé… il n’y avaient que les mecs qui faisaient du motocross dans ces années-là! Ça m’a donc pris plusieurs années avant d’acquérir ma première moto hors route pour m’amuser dans les sentiers. À 25 ans, j’embarquais sur une moto pour la première fois, une Yamaha TTR250 : une enclume à bateau de 273 livres, aussi lente qu’une limace mais confortable tel un sofa. À cette période, mon frère était au plus fort de la compétition chez les experts en endurocross et j’assistais fréquemment à ses courses. Sa nouvelle copine, qui avait commencé à faire de la compétition, s’était donnée comme mission de me convaincre d’essayer la course. À cette époque, moins de 10 filles participaient aux courses d’endurocross organisées par la FMSQ.
Cliquez ici pour découvrir l’Enduro l’automne:
Tout a commencé au printemps 2004, à l’Annonciation, dans Hautes-Laurentides. Je n’étais pas préparée, pas entrainée, pas équipée…mais j’avais l’essentiel : le sourire, le calme et ma belle-sœur à mes côtés. J’ai complètement raté mon départ, m’élançant bonne dernière de 18 participantes. Je me suis donc amusée pendant l’heure de compétition, remontant les positions sans trop compter, essayant de ramener mon navire à la ligne d’arrivée, et j’ai terminé quatrième! Si près d’un podium, il fallait absolument que je course à nouveau pour obtenir l’une de ces 3 places tant convoitées.
J’ai complété cette première saison d’endurocross en 3e place du championnat, récoltant aussi quelques premières places. J’étais devenue accroc à la compétition. Je me suis mise à rêver grand, me disant qu’avec une meilleure préparation, je pourrais aspirer au grand honneur. Je n’ai rien pris à la légère : que ce soit l’entraînement physique, la nutrition, les entraînements fréquents en piste ou les équipements appropriés, je me suis lancée de façon sérieuse. J’ai aussi fait l’achat de la moto parfaite pour ce genre de course : une Kawasaki KX125.
Les victoires se sont accumulées, et j’ai eu la chance de signer pour le Team Green avec Kawasaki Canada.
Se faire une «trail», tel un bucheron
Je défrichais uns à uns les sentiers des commandites en tant que pionnière féminine dans ce domaine. J’ai réussi à développer un lien de confiance avec chaque commanditaire en accordant une grande importance à les représenter de façon adéquate et professionnelle. Tous les efforts et tous les gens qui m’ont aidé ont mené à 4 championnats provinciaux en eudurocross.
Ma première blessure est alors survenue : fracture et opération de la cheville, ce qui m’a forcé à un repos de longue durée. C’était donc un moment parfait pour avoir notre premier enfant. Pendant cette pause, j’ai muri la décision de transiger vers le motocross. Ce genre de compétition, l’intensité et les sauts m’interpellaient beaucoup, et les quelques courses auxquelles j’avais participé par plaisir m’avaient donné la piqure. J’ai pris la décision avec Kawasaki Canada qu’il était plus approprié de troquer ma moto 2 temps pour une 4 temps : la KX250F, plus performante pour le motocross.
Tout ou « pentoute »
11 jours après mon accouchement, j’étais de retour sur ma moto, à pratiquer les techniques de bases. J’avais également décidé de participer au championnat national. À l’époque, on devait parcourir tout le pays durant l’été, de la Colombie-Britannique au Nouveau-Brunswick (maintenant, le championnat est scindé Est/Ouest). On est partis, mon conjoint et moi, avec notre petite cocotte de 3 mois, à sillonner les routes du Canada, tentant de visiter notre beau pays entre chaque course. Physiquement, je n’étais pas du toute prête compétitionner parmi les meilleures au pays. J’ai tout de même réussi quelques belles performances, me permettant de terminer 10e au championnat.
Un bel itinéraire
Malgré tous les succès que j’ai connus en endurocross, jamais n’est venue l’envie d’y revenir. Depuis 2009, je suis 100% dédiée au motocross. Des victoires, des blessures, un deuxième enfant, un championnat féminin et un championnat contre les mecs sont venus ponctuer cette dernière décennie.
Maintenant rendue à 42 ans, je devrais peut-être songer à la retraite : je me fais vieille dans ce sport, dont la majorité des compétitrices ont entre 15 et 25 ans. Mais je n’y arrive pas! Je roule encore bien et solide, ma technique est bien ancrée en moi, je m’entraine toujours et de plus en plus fort pour maintenir mon calibre et j’arrive à obtenir de bons résultats même si les victoires de championnats semblent désormais hors d’atteinte pour moi.
C’est avec grande fierté que je me joins à l’équipe de collaboratrice pour Chicks And Machines, leur philosophie me rejoint beaucoup. N’hésitez surtout pas à me communiquer vos suggestions de sujets! Il me fera grand plaisir de vous parler de divers thèmes à propos de ma passion. J’ai hâte de vous faire connaitre plus amplement ce beau sport, de vous transmettre mes connaissances et vous raconter mes expériences.
Never let go of your passions!