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Nomades à moto : Transtaïga
C’est toujours une joie de regarder des séries de motos, surtout à l’approche de la saison. Et si je vous disais que dès le 17 mars à 22h, sur Historia, c’est le début d’une toute nouvelle série québécoise sur la moto… Excitant n’est-ce pas ?
En effet, sera diffusée la tant attendue série « Nomades à moto : Transtaïga ». Suivez Charles-Édouard Carrier, Pascal Bélisle et Marie-Claude Boudreau dans leur voyage de 3000km d’aventures et de péripéties jusqu’au point le plus éloigné de toute ville en Amérique du Nord : le réservoir Caniapiscau.
Très curieuse de savoir d’où vient cette idée, j’ai décidé de faire une entrevue avec Charles-Édouard Carrier. Découvrez ce qu’il avait à me raconter…
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Qui a eu l’idée de faire cet itinéraire de Nomades à moto et surtout, de le filmer ?
J’ai travaillé sur le territoire Eeyou Istchee Baie-James jusqu’en 2014. J’ai survolé ces terres, circulé sur quelques-unes de ces rares routes, et je me suis juré qu’un jour, j’y reviendrais à moto. Et parmi les lieux qui m’intriguaient le plus dans ce vaste secteur, il y avait la route Transtaïga, que l’on croise en montant vers Radisson. Depuis, j’ai toujours eu ce projet quelque part dans ma tête, de partir à moto et découvrir ce lieu unique au Québec.
Puis, après le tournage de la deuxième saison de « Filles de moto », Catherine David (recherche, coscénariste et productrice de plateaux) et moi cherchions un projet qui allait nous permettre de reprendre la route à moto avec des caméras. On a fait 1+1, on a imaginé un concept qui sortirait de l’ordinaire, on a dessiné un itinéraire, transformé tout ça en série, et puis voilà où nous en sommes aujourd’hui.
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Comment est-ce qu’on s’organise pour une ride comme ça ?
C’est beaucoup et peu à la fois. Beaucoup de préparation pour s’assurer de combler des besoins de base : un toit, de la bouffe et du gaz. Puis, il y a tout le volet mécanique où il faut un minimum de connaissances techniques pour se démerder si on se retrouve dans le pétrin (connaissance que je n’ai pas, mais que mes deux partenaires de route maitrisaient totalement).
Comme ce sont des lieux très peu documentés, l’information qu’on peut obtenir pour mieux se préparer est assez limitée. Comme je disais dans une entrevue à l’émission « On jase moto », animée par Annie Martel, la pourvoirie du Lac Pau, à 666 km au bout de la Transtaïga, n’est pas nécessairement très active sur Facebook.
La meilleure préparation pour un voyage comme ça, c’est de se faire à l’idée que c’est la route qui aura le dernier mot…
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Quelles sont les plus grandes difficultés que vous avez rencontrées ?
La route et l’isolement… Le gravier, la poussière, le sable, tout ça nous ont pris par surprise. On savait que ce serait difficile, mais la Transtaïga, pour ma part, m’a amené à me dépasser, c’est vrai, mais elle m’a donné une sale trouille. On l’appelle la route du diable, ce n’est pas rien. 666 km de gravelle…
C’est fou, parce que ce show-là, Catherine et moi on l’a écrit et de tout ce qu’on a pu imaginer dans le scénario, jamais on n’a pensé que la route serait si difficile et qu’elle deviendrait, très rapidement, un enjeu au point de remettre en question le voyage.
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Qu’est-ce qui t’a le plus effrayé ?
L’instabilité de la conduite sur du gravier. J’ai roulé des dizaines de milliers de kilomètres sur de l’asphalte, mais une fois les deux roues dans du gravier mou, la moto qui valse à gauche et à droite, tout ce qui a été acquis à grand coup de road trip ne sert plus à rien. J’ai eu l’impression de réapprendre à conduire.
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Tu donnerais quoi comme conseil à quelqu’un qui veut faire le même trip?
Ne pas sous-estimer les dangers de la route. On parle de camions forestiers qui font lever des murs de poussière. On parle de route où la moto n’est pas toujours la bienvenue. On parle de route où la distance nous coupe du reste du monde. Il y aura toujours quelqu’un pour dire que « y’a rien là, je l’ai fait pis c’tait ben facile », mais c’est un trajet imprévisible. Et ça ne se prend pas à la légère.
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Qu’as-tu préféré de cette aventure ?
L’esprit d’équipe qui s’est installé au fil de la route. Tout d’abord entre Marie-Claude, Pascal et moi, mais aussi avec tout le crew de production. Si j’ai terminé le voyage, c’est grâce à la générosité et la patience de mes deux partenaires. Et si on en a ramené un show télé, c’est grâce à une équipe technique qui a travaillé tellement fort, dans des conditions tellement pas simples.
Quand je parle d’esprit d’équipe… Un exemple très concret : on est à Radisson, l’épicerie est vide, on prend la route pour le bout du monde dans moins de 36 heures et on réalise qu’on va manquer de nourriture.
Mitch, qui conduisait un des véhicules de production s’est mis à faire des sandwichs, du chili, des œufs durs, de la sauce à spaghetti et des pâtes sur un petit brûleur de camping pour que 12 personnes puissent manger pour les prochains 3 jours. C’est fou, mais ce sont des trucs comme ça qui ne s’oublient pas.
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As-tu un moment fort, quelque chose qui restera gravé en toi ?
L’arrêt au Belvédère de LG4. Après plus de deux semaines à vivre ensemble, Pascal, MC et toute l’équipe, on n’avait plus de filtres, plus de barrière, on savait que ce que l’on vivait était unique. Une fois là-haut, on a mesuré l’ampleur de ce qu’on était en train d’accomplir, en tant qu’équipe, mais aussi en tant qu’humain.
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Qu’est-ce que tu as appris ?
J’ai certainement appris les bases de la conduite de moto aventure… après 3000 kilomètres. Mais j’ai appris à la dure, sans pouvoir prendre le temps de bien maitriser le mariage entre mon corps et la machine. C’était très mécanique, très cérébral comme conduite.
Dans un autre ordre d’idée, j’ai aussi appris à lâcher prise. Je suis quelqu’un de profondément anxieux et ce défi, cette route et ce voyage m’ont aidé à m’ancrer dans le moment présent et sortir, enfin, un peu de ma tête.
Très honnêtement, aujourd’hui, quand ça trop vite et que je sens que tout s’embrouille dans ma tête, je me revois sur la Transtaïga, rouler avec deux motocyclistes incroyables, MC et Pascal. Je me revois au bout du monde, dans l’immensité du nord, et ça me ramène, ça me ground.
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Reviens-tu en meilleur motocycliste ?
Définitivement. Meilleur parce que je connais mieux mes limites. Meilleur parce que j’ai envie d’apprendre, avec les bonnes personnes et les bonnes techniques, à les repousser. L’humilité de dire « crisse que c’est difficile » nous rend plus forts.
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Le referais-tu ?
Oui… et non. D’un côté, je me dis que la planète est trop grande et la vie trop courte pour emprunter deux fois le même chemin. Il y a trop de choses à voir. En même temps, une route aussi grandiose, surprenante et imprévisible, ici, au Québec, c’est difficile de ne pas avoir envie d’y retourner. Et y retourner sans chialer que j’ai peur… en confiance et en contrôle, j’aurais l’impression d’avoir dompté le diable…
Ne manquez pas cette série qui ne laissera personne indifférent dès le 17 mars 22h, sur les ondes d’Historia.
Merci Charles-Édouard pour ta générosité, tu es inspirant!
3 Commentaires
je possède un camp privé au bout de la route à Caniapiscau, là où les motocyclistes ont terminés leur voyage. mon camp est situé à 500 mètres de la piste d’avion du lac Pau. il fait 16 pi par 24 pi en excellente condition. Il y a un poêle à bois et des lits pour coucher 6 personnes.. Il y a une source d’eau potable en arrière du camp. Il est construit complètement en tôle galvanisé donc aucune pourriture. Ca fait 20 ans que nous y allons à chaque été pour la pêche sur le réservoir. il est accessible par la route principale.
Pour revenir à Montréal etes vous revenu par le même chemin en moto ?
Je vous regarde à chaque fois que les émissions passent. Je suis triste de voir comment la dernière émission s’est terminée. J’aurais aimé voir votre voyage de retour. Même si vous êtes revenu avec le camion de production il aurait été intéressant d’avoir vos commentaire du retour. J’aurais aimé vous voir arrivé sur le métropolitain à la sortie Christophe Colomb, et le retour à votre garage la boucle aurait été bouclé.