Cathy Lam: Un jour, ma Ninja

« Un jour, je vais avoir ma Ninja. »

C’est ce que je me disais quand j’étais ado. J’avais vu une femme sur une Ninja et je les trouvais tellement belles! 😍 La moto… ET la femme. Je les trouvais vraiment « hot »! J’étais en admiration totale, sans pouvoir prononcer un seul mot. Un coup de foudre. Wow, une Ninja! J’aime les Ninja!

Dans Charlevoix, je n’en avais pas vu beaucoup des femmes pilotes de moto. Elle n’était pas de la région, c’est officiel. Je me suis promis qu’un jour, j’allais moi aussi être cette belle femme sur ma Ninja.

À cette époque, j’avais été passagère d’un ami quelques fois. Je me rappelle que je m’étais solidement brûlée le mollet sur son silencieux. Je ne m’étais pas manquée, un bon 2-3e degré. Vous allez voir que je ne fais pas les choses à moitié. Jamais.

Je ne me rappelle même pas quel type de moto c’était. Je me rappelle seulement la sensation que j’adorais. Pas la sensation du mollet brûlé, mais celle de la liberté quand on roulait. Cette sensation de l’air qui semble traverser mon corps me fait oublier tout le reste.

Personne dans ma famille ne fait de la moto. Ni aucun autre sport motorisé d’ailleurs.

Pas de quatre-roue, pas de Sea-Doo, rien. Toujours est-il que moi, j’avais clairement une attirance envers les machines. J’étais la fille qui faisait des « jumps » avec les ti-gars en BMX. Les ti-gars avaient un peu peur d’ailleurs, quand je lançais le ballon. J’étais la sportive-ninja, quoi!

J’ai eu mon permis et ma première voiture « dès que possible », soit à 16 ans. J’avais assez hâte! J’avais même impressionné mon grand-père, ce qui n’est pas peu dire. Il en avait vu d’autres, le bonhomme… « Ohhh, tu chauffes à bâton! » qu’il m’avait dit, les yeux grands ouverts. L’émerveillement était palpable. Eh oui, ma première auto était manuelle. Ainsi que toutes les suivantes. Pas d’exception. Moi, je chauffe à « clutch » et c’est non-négociable.

Je déteste les foules – pourtant, je suis la première à me présenter quand les « Monster Trucks » arrivent en ville.

Une fois, j’ai même pris des informations pour suivre un cours de camionneuse. C’est mort dans l’œuf, car j’avais trop perdu de point pour des excès de vitesse. (Oups) 🤦‍♀️ Mise en garde : je ne dis pas que c’est bien. Il faut respecter le code de la route.

Mais, c’est mon histoire : j’étais insouciante et je roulais plus vite que la limite permise. J’avais des tendances plutôt agressives au volant. Vous savez? Celle qui vous dépassait par la droite en vous faisant des gros yeux quand vous lambiniez dans la voie de gauche? Eh bien, c’était moi.

J’avouerais même que ça m’agresse encore un peu. J’en profite donc pour vous rappeler de vous tasser du chemin cib***… cordialement que la voie de gauche, c’est pour effectuer un dépassement. Merci.

À la suite de cette belle promesse d’ado-Cathy, je suis allée aux études à Québec : Administration – option Gestion d’entreprises. J’ai voyagé, j’ai travaillé, j’ai vécu à NYC, j’ai travaillé, je suis revenue, j’ai travaillé, j’ai eu un beau garçon. J’ai démarré mon entreprise d’entrainement à domicile et en entreprise, pour aider les femmes à reconnaître leur vraie valeur et avoir confiance en leurs capacités.

En 2016, je me suis lancée dans la vidéo fitness avec MonGymEnLigne. Depuis plus de 10 ans, j’inspire les femmes et les hommes à bouger parce qu’ils s’aiment, et non pas parce qu’ils ne s’aiment pas. Je suis très fière de contribuer à un monde meilleur et plus sain.

Avec tout ça, je n’avais pas fait mon cours de moto. J’avais changé d’idée. Je trouvais que c’était compliqué : il y a quelques années, ça prenait des amis à moto pour rouler accompagnée et je n’en avais pas. Ça coûtait cher et j’investissais dans mon entreprise. Pour être honnête, j’avais complètement oublié cette sensation du vent dans mes cheveux. Et il y avait la famille, et il y avait le travail…

Jusqu’au jour où j’ai rencontré « mon » Pilote.

« Backseat » à nouveau, 25 ans plus tard, sur une belle BMW S1000RR, ce fût une révélation. Pour moi, les plus beaux moments de ma vie, c’est durant « The Summer of ‘21 ». J’ai passé un été incroyable, sur sa SuperSport, collée à lui, « mon » pilote.

J’ai découvert un nouvel Espace-Temps cet été-là. On embarque sur sa moto, on roule 15 minutes et boom : le soleil se couche. Hein!? Le soleil se couche? OMG! Ça fait déjà 8h qu’on roule finalement. C’est complètement insensé la perception du temps à moto, avez-vous déjà remarqué? Je perçois cet espace-temps tellement différemment que je suis persuadée que c’est carrément dans une autre dimension. On vibre différemment à moto.

J’ai découvert une Connexion cet été-là. Nos trois énergies (la moto, lui et moi) ne faisaient qu’une seule, douce, intense et belle fusion énergétique. On communiquait, sans se parler. Je savais exactement quand il allait accélérer, ralentir, dépasser, freiner, pencher, se sauver de la police. 😂 Et lui, il savait que j’étais totalement présente, avec lui, attentive à la route et à chaque tour de moteur.

J’ai découvert une vraie Passion cet été-là. La route. Les courbes. Les kilomètres. Les paysages. Les moments privilégiés à deux. La destination n’a aucune importance, c’est le voyage qui compte. Rouler sous le soleil et vers le soleil, c’est ça la Vie. Tout l’été, j’ai répété en boucle ces deux phrases : « Hey. On va tu faire de la moto? » et « Woohoo! On va faire de la moto! »

Tout tombe en place

L’hiver suivant, j’ai réussi mon cours à l’école de Moto Centre-Ville de Québec.

Le printemps suivant, à 42 ans, j’ai ma Ninja.

L’été suivant, j’ai mon permis apprenti. (Oui, j’ai eu la moto avant le permis)

Trois semaines plus tard, je suis sur la « track » à Montmagny avec Pete Moto.

La seule femme, bébé motarde de 3 semaines, avec « ma » Ninja 650 Kawasaki Racing Team, parmi 12 bikes super performants, c’était moi. Je viens de réussir mon circuit fermé et je stress avant une courbe? C’est non. Hors de question. Je choisis de faire ce qu’il faut pour m’améliorer.

Jugez-moi, messieurs. Je m’en tamponne le coquillard. Je suis peut-être la plus lente, mais je suis la plus fière. Je suis là pour apprendre vite à être bonne dans les courbes. Ou pour à apprendre à être vite dans les bonnes courbes. Je ne fais jamais les choses à moitié, vous savez!

Mon deuxième été à moto, je l’ai roulé avec ma Ninja! Et je rêve à l’été qui revient bientôt.

Qui suis-je pour être la nouvelle collaboratrice de Chicks And Machines, moi qui n’ai même pas encore enlevé mes « p’tites roues » au moment où j’écris ces lignes?

Je suis celle qui après 25 ans a réalisé un rêve d’ado oublié et j’en suis fière.

Je suis celle qui a toujours dénoncé les injustices, surtout les inégalités filles-garçons. Le fait que les filles soient moins encouragées à devenir pilote, C’EST injuste.

Je suis celle qui est extrêmement fière de contribuer à ce qu’une autre fille ou une femme, à la lecture d’un de mes articles, ou à la vue d’une de mes vidéos de moto se dise elle aussi, qu’un jour, elle aura sa Ninja!