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Mad Squirrel: beaucoup plus qu’un rongeur acadien!
Avec l’automne incroyable que nous avons connu, j’ai décidé de prendre avantage de la température clémente que dame nature nous a offerte, et c’est en plein mois de novembre que j’ai décidé d’enfourcher ma bécane et de payer une visite à mes amis et commanditaires de chez Mad Squirrel au Nouveau-Brunswick.
Si, comme moi, vous aimez les motos de types classique ou custom et que vous voyagez régulièrement sur deux roues, alors il y a de fortes chances que vous ayez déjà entendu parler de leur fameux “nutsak” . Peut-être avez vous la chance d’en posséder un?
Personnellement, je ne jure que par le mien. Ce sac a été pour moi un réel “game changer”. Il faut savoir que son concepteur est lui-même un motocycliste aguerri, ça explique le souci du détail, la qualité, l’étanchéité et l’ingéniosité du produit.
Mad Squirrel est une petite entreprise familiale canadienne avec, à sa tête, Timothée Richard.
Timothée, Timo pour les intimes, est un personnage haut en couleur. Bon vivant, artistique comme pas deux, généreux, raconteur hors pair, il est difficile de ne pas tomber sous son charme. Fier de ses origines acadiennes, il a même déjà rappé en Chiac!
Y’a d’la place en masse dans mon jacuzzi, ça vous dit quelque chose? Timo en est l’un des auteurs et interprètes.
Et puis Mad Squirrel c’est également Julie, sa tendre moitié qui se charge du côté administratif.
Douce, professionnelle, organisée et tout aussi généreuse. Ils forment un duo parfait tant en affaires que dans leur vie personnelle.
J’avais envie d’en apprendre davantage sur l’historique de Mad Squirrel, alors c’est devant un bon café que Timo a eu la gentillesse de répondre à mes questions.
J’ai voulu préserver son style langagier particulier pour que vous puissiez ressentir un peu plus quel genre de personnage il peut être!
Nadine: Commençons par le début. Dis-moi, comment tout a débuté pour Mad Squirrel? Comment t’es venue l’idée?
Timo: C’est à la naissance de ma première fille, Stella, que j’ai décidé de quitter Radio Radio. Nous habitions alors dans une maison entourée de jack pine, un type d’arbres qui attire les écureuils en très grand nombre. Je savais dès lors que j’allais ouvrir mon propre art studio et c’est mon amour de la moto qui me forçait à faire de quoi de relié à la moto afin de garder les motos présentes dans ma vie.
Nadine: J’imagine que tu as dû mettre la moto de côté pendant ta période avec Radio Radio?
Timo: C’est sûr que la vie de band, t’es on the road tout le temps. T’as comme pas de vie à part ta vie de band et je savais que dès que j’allais avoir des enfants ce serait la fin de cette vie-là. So qu’est-ce que j’allais faire? J’étais artiste, j’avais étudié en animation, j’avais fait un peu d’airbrush et de pin stripe…
J’ai commencé à peindre quelques motos. Lorsque j’ai quitté le band j’avais besoin d’une job, j’suis donc allé faire un stage dans une shop de moto pour apprendre à bardasser sur des vieilles motos. J’avais pas les moyens de m’acheter une nouvelle moto, je voulais donc apprendre à me débrouiller en mécanique.
C’est comme ça que j’ai rencontré mon ami Tyler. On a décidé de monter ensemble un XS 650. Tyler connaissait bien le boss et il nous donnait accès à la shop après nos heures de travail. Tyler s’est chargé de la soudure et de la mécanique et moi de la peinture et du cuir. C’est d’même que tout a commencé en 2009. On rêvait de retaper de vieilles motos.
Nadine: Mais as-tu une formation pour travailler le cuir?
Timo: Non zéro, zéro.
C’est drôle parce que quand on a commencé, j’étais plus axé sur la peinture, mais on avait besoin de figurer out comment on allait se patenter un siège. On avait pas les moyens de s’en acheter un. Le cuir était une option et moi j’étais artistique so j’ai décidé de m’essayer. Je ne connaissais rien, j’ai même pas googlé. J’ai transféré un dessin sur du cuir avec du papier carbone et j’ai engravé le cuir avec un Dremel, des petites vis et des studs, je savais même pas comment stitcher.
J’ai fait un saddle bag pis un battery box et un siège et on est descendu à Digby et la moto a eu beaucoup d’attention, spécialement pour le travail de cuir. On a eu tellement de fun à faire ça. L’année suivante, Tyler est parti travailler ailleurs so notre première idée de shop de ‘’bobber boys’’ est tombée à l’eau, mais moi j’ai vraiment commencé à m’intéresser à travailler le cuir.
Lui est donc parti faire ses propres choses et moi j’ai continué. Dans le fond, c’est pas mal de même que Mad Squirrels a vu le jour. Dans ce temps-là, j’étais juste en train d’apprendre. J’ai fait mes recherches, j’ai appris comment faire ça comme y faut et j’ai commencé à faire du custom work.
Les premiers 5-6-7 ans je devenais meilleur à tooler le cuir, c’était full artwork. Je faisais des ceintures, des sièges, toutes stichés à la main, j’apprenais à faire du lace. J’avais aucun équipement dans ce temps-là mais c’est aussi au même moment que je me suis mis à tripper plus sur faire du bike…
Avant j’allais pas trop loin, c’était local, on cruisait dans le coin de Shediac, mais là j’ai eu envie d’aller en camping. Je me suis acheté une moto un peu plus fiable, une Sportster avec un sissy bar mais c’était pas une grosse bike. J’avais besoin d’une place pour mettre mes choses. Je pouvais bien prendre un dry bag mais c’était pas vraiment fait pour ça. En faisant mes recherches, j’ai rien trouvé qui répondait à mes besoins. Après 5 ans à être – et là je veux pas dire un starving artist, ça fait cliché – mais je voulais trouver une façon de rendre ça sustainable.
Quand on fait du travail custom, on ne compte pas les heures et c’est pas rentable. Je voulais continuer dans ce domaine mais trouver une façon de pouvoir en vivre. Je voulais créer quelque chose à partir d’un patron, que ce ne soit pas custom et là je savais exactement quoi! C’est là que j’ai monté un business plan et j’ai réussi à obtenir un prêt pour m’acheter de l’équipement. Julie m’a donné mes premiers cours pour utiliser une machine à coudre et j’ai trouvé du matériel waterproof au magasin local.
J’ai fait un premier sac, je l’ai essayé, je l’ai aimé, j’en ai fait un deuxième pour un ami, il l’a aimé aussi. Ça a décollé comme ça, avec l’aide d’Instagram et de la communauté de moto. J’ai continué à développer le design, j’ai ajouté une poche, puis j’ai dessiné le bar bag et le cargo, le messenger, le commuter.
Nadine: Depuis la création du nutsak il y a maintenant d’autres joueurs, mais pour utiliser moi-même le nutsak je trouve que ce qui te distingue des autres, et corrige moi si j’ai tort, c’est la qualité de la confection et l’ingéniosité du design! Pas besoin de traîner de bungee pour attacher mon sac sur ma moto.
Timo: Non en effet, mais c’est ok si tu roules pas beaucoup d’utiliser un sac et des bungees. T’as juste besoin de ça (nutsak) si tu roules vraiment, si t’es un miles muncher comme on dit. Le monde qui roule beaucoup et qui roule souvent et qui savent de quel gear ils ont besoin, ils vont apprécier le nutsak. Mad Squirrel c’est devenu ma vie, c’est né de ma passion pour la moto. Si j’étais pas passionné, Mad Squirrel serait la moitié de ce que c’est devenu.
Nadine: À part ton fameux nutsak, quels autres produits on retrouve sur ton site?
Timo: Il faut dire qu’il y a environ 7 ou 8 différents modèles de nutsak. J’ai le cheap bastard qui est super simple. Avant, j’avais des straps à un morceau. Maintenant j’ai développé des high torque straps qui se bouclent autour de la sissy bar et y’a assez de tension dans ces straps-là que tu peux rouler des journées de 1000 kilomètres sans avoir à les ajuster, tu peux fesser des bumps et ton sac s’en ira pas nulle part!
Nadine : En parlant de ton cheap bastard, je trouve ça cool que tu en aies pour tous les budgets!
Timo: Exact, si tu veux pas runner avec un canoe bag et des bungees, tu peux y aller avec le cheap bastard qui va te coûter 200$ qui sera waterproof pareil et qui est de la même grosseur qu’un 3.0 pis ça va faire la job, mais pour les personnes qui rident tout le temps pis souvent et qui veulent voyager, y’a le modèle roadrunner comme toi t’as pis comme moi j’me sers qui est vraiment le Mc Giver des nutsaks.
Tu peux ajouter des backpack straps pour prendre l’avion, tu peux ajouter un side pouch, un top pouch, un fuel sling ou deux ou le hatchet carrier c’est vraiment le Swiss Army Knife de mes sacs, mais c’est sur que ça vient à un prix qui est plus haut.
Nadine : Oui, mais c’est un sac qui va te durer pour la vie. Je me répète, mais la qualité et la conception sont incroyables. Les photos sur ton site ou sur les réseaux sociaux ne rendent pas justice complètement à tes sacs. Et ça se paie tout ce travail-là! Dis-moi, combien de temps t’en faut-il, justement, pour confectionner un sac?
Timo: Un sac comme un roadrunner qui est en full cuir, je dois premièrement préparer toutes les straps et les morceaux de cuir avant de faire le sac… Si je le fais en 2 jours, ce sera pas des journées de 8 heures, c’est clair. Un sac comme ça prend 3 jours à faire, avec toutes les morceaux qui sont inclus. Y’a 6 sortes différentes de cuir, y’a le zipper maintenant qui vient en haut. C’est un sac qui prend beaucoup de temps à faire, mais c’est un sac qui aura une durée de vie probablement plus longue que celui qui va l’acheter.
J’ai rencontré du monde au Japon qui serait capable de produire presque toutes mes sacs mais je pense pas qu’un sac comme le roadrunner pourrait se faire manufacturer…Ça coûte cher pour une raison, c’est fait à la main, y’a 6 différentes sortes de cuir et on dirait qu’à chaque fois que tu vas à la production manufacturière tu perds sur la qualité pour pouvoir le faire à un prix plus abordable, pour pouvoir faire en plus grand nombre. Ça a sa place, je voulais aller là, pis ptête ben que j’irai là pour une partie de ma product line à un moment donné parce que veut, veut pas je suis juste une personne et je peux juste en faire so much dans une journée.
Et pis je fais des sacs pour tripper en moto et j’ai envie de tripper moi avec, j’ai pas juste le goût de passer tout mon temps à faire des sacs, mais un sac comme le roadrunner ne pourra jamais être produit à la chaîne. J’ai d’autres rêves qui sont liés au sacs pis au type de vie que les sacs sont construits pour, que ce soit un roadside café avec des places à rester où les gens peuvent emprunter un sac pour aller faire la Cabot Trail, l’essayer pis en revenant dire, yes, ça s’a travaillé pour moa, j’en veux un ou on vend toute pis on déménage à Montréal pis j’trouve des manufactures pour mes faires mes sacs pis je continue à rouler de plus en plus…
J’ai plein d’options, je suis pas bloqué sur rien. Les sacs c’est vrai qui marchent, le monde qui ride me le dit pis y se font prendre dans la pluie pis y’arrivent à destination et leur stock est sec.
Nadine: C’est drôle parce que je me demandais si le sac était waterproof parce que le cuir avait été traité. C’est en recevant mon sac que j’ai pu voir la membrane imperméable à l’intérieur du sac et là tu réalises tous les détails dans la confection du sac et perso, ça me rend fière de rouler un produit créé par un artiste Canadien.
Timo: À la base, je suis un artiste et c’était important pour moi de créer un produit que les gens pouvaient personnaliser, que les gens qui l’achète s’en sert pis que ça marche comme c’est supposé. Le feeling que ça m’apporte est quelque chose que je porte de la valeur à pis que je met de la valeur à, parce que ça c’est original, pis c’est différent pis c’est à moi et c’est cool.
C’est toujours difficile pour moi de m’imaginer mettre 10, 12, 15 ans à bâtir un ligne de produits qui sont faites à la main pour là me tourner d’bord, pis couper la qualité en 2 pour pouvoir en vendre un mille de plus. La vie est courte assez pis y’a beaucoup plus de valeur à feeler ben à propos de quesse que tu fais que de faire beaucoup d’argent pour faire quelque chose qui est presque qu’est ce que tu faisais…
J’sais pas, je suis toujours sur cette ligne-là où c’que je me demande j’vais-tu de ce côté là avec ça? Pis je pense qui faudrait que je fasse un p’tit peu des deux. Faudrait que je grandisse ma ligne de produits, ça, ça me libérerait du temps pis je pourrait créer un p’tit merch store de Mad Squirrel qui grandira dans le futur.
Nadine: Parlant de merch store, tu vends aussi des gants et des portefeuilles, non?
Timo: Les gants c’est le premier et le seul produit qui n’a pas été fait à Mad Squirrel.
Nadine: T’as juste fait le design ?
Timo: J’ai fait le design et pis ça été manufacturé par mes amis en Indonésie. Mes gants ont marché, le monde qui les ont acheté ont roulé, y’a un gars, travellingchopper sur Instagram, y’a fait le tour du monde avec, y’a été en Russie. Ils étaient beaux et confortables, mais je trouvais qu’il y avait beaucoup trop de dye dans le cuir pis tout le monde qui en ont acheté pis qui on roulé dans la pluie se sont aperçu de ça.
Nadine : ( rires ) Ouin, j’en ai une paire et j’ai eu les mains bleues!!!
Timo: Je vais en faire d’autres éventuellement, mais j’aimerais faire de quoi de plus simple, quelque chose de local, fabriqué au Canada. C’est l’fun des collabs, mais je veux m’assurer d’avoir des bons contacts, pas pour dire que les contacts que j’ai eu étaient pas bons mais je veux garder ça p’tit quand même, je veux garder un contrôle sur la qualité.
Y’a un côté, quand t’as tout fait toi-même, juste introduire quelque chose que toa t’as pas fait, t’es pas sûr, tu te demandes si ça représente Mad Squirrel. J’ai pensé faire des tentes mais c’est un peu, j’sais pas, je trouve ça difficile de prendre ce step-là de faire faire des produits en dehors… Je sais pas si j’ai peur de perdre le contrôle ou que c’est juste que si c’est pas fait à la maison, c’est pas Mad Squirrel.
Nadine: Tu vends tes tool kit aussi?
Timo: Ouais mes tools rolls qui sont fait à full revvit. J’ai le mien depuis 5 ans et y’a rien qui a lâché dessus encore. Des tools c’est pesant pis si t’en amènes beaucoup parce que tu roules des vieilles bikes ben ça prend une pouch qui est tough pour toute porter ça.
Y’a aussi les fuel slings, maintenant y’a des singles et des doubles. Il y en a qui sont ajustables so tu peux traîner de l’essence pour toi et pis tu peux aussi traîner une bouteille de whiskey! Ça peut même être une bouteille carrée, toute fit dedans.
Pis la prochaine affaire qui s’en vient, je vais éliminer le commuter, yé pratique, y’a beaucoup de monde qui le commande mais y’a trop d’ouvrage dedans pour la grosseur du sac, donc j’ai développé un sac plus grand en hauteur que le commuter et qui est à peu près de la même grosseur qui va s’appeler le slim jim et qui deviendra un ajout au roadrunner ou n’importe quel autre sac qui marche avec les high torque straps.
Le principe en arrière de ce sac-là, c’est de mettre toute ta camping gear donc tout ton linge et tout tes besoins seront dans ta main bag, que se soit le 3.0, que se soit le rambler ou le roadrunner, mais là ton slim jim va aller en avant pour le monde qui sont pas gros, moins grand ou qui roule avec une moto plus stock ou big twin genre que l’espace entre la sissy bar et le rider est plus large ou épais que le 3.0 ou roadrunner, c’te slim jim-là devient un ajout qui s’attache sur les high torques straps donc y’a pas besoin d’autres straps et pis là il remplit le gap donc t’as full back support.
Je travaille aussi sur un bar bag qui sera de cuir solide donc qui soit vide, plein ou à moitié plein, il changera pas de shape, pis en dedans de ça y’aura un liner waterproof.
Nadine: C’est pas des projets qui manquent! Écoute j’ai envie de dire:
Longue vie à Mad Squirrel. Je vous souhaite du succès et des kilomètres des beaux road trips.