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Quand les réseaux sociaux transforment une passion en une performance sous pression
On ne se le cachera pas, on vit présentement dans une société qui est dictée par les réseaux sociaux. Que ce soit les critères de beauté, la performance dans le monde du sport ou même dans des activités ultra banales, il y a une sorte de besoin de plaire et de sembler toujours parfait.
Je ne pensais pas que cela pouvait m’atteindre mais j’ai récemment eu besoin de prendre du recul par rapport à tout cela et je te raconte pourquoi.
La découverte d’une passion
Tout a commencé en 2022 quand j’ai décidé d’essayer le motocross pour la première fois. Au premier tour de piste j’ai su que j’allais aimer ça. L’adrénaline, le challenge, le dépassement de soi à chaque « heat »… tout ça est venu me chercher plus que je ne l’aurais pensé.
Une semaine plus tard, j’achetais mon tout premier « dirtbike », un TT-R 230 de Yamaha, afin de me faire la main tranquillement.
J’ai pu progresser à mon rythme en étant consciente que je n’avais pas la même puissance que s’il s’agissait d’un « full cross » mais c’était ce dont j’avais besoin pour prendre confiance en moi sur la piste et travailler sur ma technique.
Pour ceux qui ne savent pas, le motocross est un sport ultra technique!
La position est la base de tout… La position d’attaque, la position dans un virage, la position lors d’un saut ainsi qu’à la réception de celui-ci, bref c’est beaucoup de choses à maîtriser au départ afin de partir sur de bonnes bases.
Combien de fois est-ce que j’ai entendu ceci:
« lève tes coudes, sors les fesses, avance toi lors d’un virage, un seul doigt sur les freins/embrayage, regarde au loin »
Encore et encore. C’est parfait comme ça! Je voulais apprendre de la bonne façon afin de pouvoir m’améliorer et un jour pouvoir me retrouver au guidon d’une moto plus puissante.
C’est aussi à cette époque que j’ai commencé sérieusement à m’occuper de ma page Instagram. Je me suis bâti une belle communauté de gens de partout, surtout dans le monde du motocross et j’ai partagé mon expérience d’apprentissage avec des milliers d’abonnés.
Mon but était d’inciter d’autres femmes à se lancer dans ce sport, peu importe leur âge ou leur expérience.

Saison 2024
Ça y est! Le moment était venu de changer ma moto et de prendre le YZ250F de mon copain puisqu’il avait prévu de s’en départir pour le modèle de l’année.
J’étais très fébrile, mais je me sentais prête à faire le saut. Nous avons adapté la moto afin qu’elle soit parfaite pour mon poids, ma taille ainsi que mon niveau.
Malgré tout cela, une période d’adaptation afin d’apprivoiser ma nouvelle monture était à prévoir et les premiers tours furent, comment dire… compliqués!
J’avais l’impression que je n’avais jamais fait de moto de ma vie. J’étais plus lente qu’un escargot, j’avais du mal à gérer la puissance du moteur et pour être 100% honnête, j’avais la chienne! Chaque « heat » devenait une déception car je ne voyais AUCUNE amélioration.

Puis, est arrivé ce qui devait m’arriver…
En tentant une manœuvre en fin de journée, j’ai perdu le contrôle de ma moto et j’ai fait un vol plané dans le boisé qui borde la piste. J’ai été chanceuse dans ma malchance, car cela aurait pu être très grave mais je m’en suis sortie avec seulement quelques contusions.
Cependant, la relation de confiance avec ma monture fut lourdement endommagée.
Moi qui avait toujours hâte de charger les motos et de passer la journée à la piste, moi qui n’avait jamais assez de « heat » dans une journée, moi qui avait le sourire fendu jusqu’aux oreilles chaque fois j’enlevais mon casque après un 15-20 minutes de pur bonheur, tout ça avait disparu…
Je redoutais chaque samedi, je soupirais chaque fois que je voyais que c’était mon tour sur la piste, je boudais parce que j’avais mal géré ma moto et j’ai même souhaité qu’il pleuve afin d’avoir une excuse pour ne pas y aller. Tout le contraire de mes deux dernières saisons.
J’en pleurais parfois…
Un choix à faire
Jusqu’au jour où je me suis demandé pourquoi je m’infligeais tout ça. Pourquoi est-ce qu’un sport qui m’apportait tant de joie pouvait me rendre aussi misérable?
J’ai alors décidé d’être transparente et d’exposer mon problème à des MX Girls que je suivais sur Instagram. Elles ont tenté de me rassurer et elles avaient d’excellent conseils à me donner afin que je puisse m’améliorer.
J’ai même fait une séance de pratique avec l’une d’elle lors d’une journée à Xtown et c’était la première fois depuis des lustres que j’avais du plaisir avec ma nouvelle moto.
Cependant, une fois de retour chez moi sur mon circuit habituel, tout s’est envolé…
Évidemment, il faut savoir que d’un circuit à un autre le niveau de difficulté n’est pas le même. On doit prendre en considération la composition du sol, la terre utilisée, les conditions météo, le tracé de la piste ainsi que les différents sauts.
Le circuit qui est à 15 minutes de chez moi est considéré comme étant un niveau de difficulté plus élevé que celui de Xtown et comme c’est cette piste que je visite le plus souvent et bien je dois performer dans ses conditions.

Suite à de nombreuses discussions avec mon copain, mes collègues et mes amis, je me suis rendue à l’évidence que si je voulais continuer de m’amuser en pratiquant ce sport, je devais changer de moto.
J’ai eu la chance de pouvoir tester à plusieurs reprises un motocross électrique et, chaque fois, j’ai eu plaisir fou à le « rider ». Je retrouvais le plaisir que j’avais de rouler un dirt bike peu importe les conditions de piste.
Chaque fois que je finissais un « heat », j’étais fière car je savais que j’avais mieux roulé que le précédent. Je me concentrais sur ma position et ma technique de conduite au lieu de me demander quand et où j’allais me planter.
J’ai donc fait l’acquisition d’un Storm Bee de Surron, un motocross 100% électrique, le même que j’avais eu la chance d’essayer auparavant.
Lorsque j’ai pris cette décision de me tourner vers un dirtbike électrique au lieu d’un modèle à essence, c’était avant tout un choix personnel, basé sur mes propres capacités et mon confort.
Pourtant, je ne m’attendais pas à ressentir autant de pression venant des réseaux sociaux et de la communauté MX.

La pression de la perfection
Les plateformes comme Instagram, TiKToK ou Youtube sont des endroits où chacun partage sa vision de la perfection.
On y voit des pilotes de motocross qui maîtrisent des machines impressionnantes, font des sauts et des manœuvres spectaculaires et dégagent une confiance inébranlable.
Mais ce qu’on oublie souvent, c’est que ces vidéos ou photos ne montrent qu’un moment précis, soigneusement choisi, souvent retravaillé, loin de la réalité quotidienne.
Malgré cela, ces contenus créent des attentes irréalistes envers monsieur madame tout le monde. En optant pour une électrique, j’ai eu l’impression de m’écarter de cette image.
Certains commentaires ou sous-entendus laissaient entendre que mon choix était trop facile, que j’abandonnais sans avoir vraiment essayé, que j’achetais un jouet et non une moto et que je n’étais pas une « VRAIE ».
Aussi est venu les comparaisons inutiles envers les deux types de moto et, souvent, avec un ton condescendant.
Ces remarques venant de gens qui ne me connaissent même pas m’ont beaucoup fait réfléchir. Pourquoi devrais-je correspondre à leurs standards? Pourquoi leur opinion aurait-elle plus de poids que ma propre expérience?
Tu vas me dire que ça fait partie de la game quand tu t’affiches sur les réseaux et ce n’est pas totalement faux… Les réseaux sociaux peuvent être un lieu inspirant, mais ils peuvent aussi vite devenir un tribunal où les utilisateurs jugent les choix des autres sans tenir compte du contexte.
On oublie trop souvent que derrière chaque écran, il y a une personne avec ses propres défis, ses propres forces et ses propres faiblesses.
En conclusion
La vérité, veux-tu que je te le dise c’est quoi??
Mon but c’est d’avoir du fun dans la vie! Je ne course pas, je n’ai pas l’intention de faire des sauts de mongoles et tout ce que je veux c’est être satisfaite quand je sors de la piste car je sens que je me suis améliorée.
Le fait de ne pas avoir réussi cela sur un YZ250F n’est pas un échec, mais plutôt une acceptation de mes limites. En fin de compte, j’ai choisi l’électrique parce que je veux rouler pour moi et non pas pour correspondre à une image ou répondre aux attentes des autres.
Je n’ai peut-être pas réussi à maîtriser ma moto à essence, mais au lieu d’abandonner et de m’apitoyer sur mon sort, j’ai trouvé une solution qui me permet de continuer à pratiquer une passion qui me fait vibrer.
Et c’est ça, pour moi, la vraie réussite: avancer à mon rythme, en restant fidèle à ce que je suis, peu importe les jugements extérieurs.
Je dirais que c’est là le vrai défi de notre société aujourd’hui: Rester authentique!
Je tiens quand même à mentionner que mes amis et les gens qui me connaissent bien m’ont fortement encouragé dans toute cette histoire et ne m’ont pas jugé une seconde ♥️.

Je trouvais important de partager cette expérience car je pense que je ne suis pas la seule à qui c’est arrivé, peu importe le milieu ou le sport choisi.
Finalement, qu’est-ce qui est important? Le type de moto que j’ai choisi ou le fait que je fais vivre le sport comme n’importe quel autre « rider »? Aujourd’hui, avec cet article, je veux rappeler à tous ceux qui se sentent jugés sur leurs choix: les réseaux sociaux ne sont qu’une partie de l’histoire.
La tienne est unique, et personne ne devrait avoir le droit de la réécrire pour toi.
À la prochaine!
Gab xx
