Table des matières
Le printemps, le moment où la passion s’intensifie
Sentiment de bonheur
Année après année, les camionneurs sont plus qu’irrités par les bordées de neige. Nous avons sans cesse l’impression que ça ne finira jamais. Au printemps, nos conditions de travail sont différentes de jour en jour.
Pour un routier passionné, le printemps qui arrive suscite un sentiment de bonheur et de hâte. Bien qu’il y ait des bons et des mauvais côtés, je fais partie des personnes qui attendent le printemps avec impatience. Dans ce texte, je vous transmettrai ma propre « passion printemps », cette saison où la passion s’intensifie.
C’est quoi le printemps pour vous?
Si je vous dis « printemps », quel sentiment avez-vous? Certains sont déçus parce que la neige fond, mettant ainsi fin à la saison de motoneige. Certains appréhendent les chaleurs de l’été avec découragement alors que d’autres ont hâte de prendre du beau temps en débardeur.
Cette saison hors du commun ne fait pas l’unanimité, mais n’en demeure pas moins positive, car elle annonce le début de l’été, les journées allongées ainsi que les activités et produits spécifiques à cette saison (comme la bière de saison).
Un camionneur a sa façon bien à lui de percevoir l’arrivée du printemps. Bien qu’il y ait quelques désagréments avec les changements soudains de température, le camionneur voit ses heures nocturnes de conduite diminuer peu à peu jusqu’à l’été.
Évidemment, puisque les journées allongent (il fait clair plus tôt et plus tard), ceci diminue la conduite dans le noir de jour en jour. La conduite nocturne est dangereuse pour la fatigue au volant. Celle-ci vous guette toute la nuit jusqu’aux premiers rayons de soleil. Au printemps, la consommation de café devient nécessaire pour la satisfaction plutôt que pour se tenir éveillé.
Non seulement nous sommes moins fatigués, mais aussi plus motivés. Quand le soleil se couche, la journée nous semble tout à coup bien longue! Au printemps, le découragement se fait de moins en moins sentir au fil des jours qui passent.
L’adaptation sur la route
Le printemps est signe de neige qui fond, de nuits froides et de journées chaudes, de neige et de pluie dans le même 24 heures : bref, cette saison se caractérise par des conditions changeantes. Sur la route, c’est encore bien pire pour ces raisons! Être routier durant cette période demande beaucoup de polyvalence.
Premièrement, les compagnies s’empressent de mettre des pneus d’été sur les camions, ce qui ne facilite pas la tâche lorsque vous vous retrouvez dans une bordée de neige ou bien sur la glace. Il faut donc constamment être sur le qui-vive.
Deuxièmement, voir la neige qui fond en plein jour en bordure du chemin, c’est bien plaisant; cependant, la nuit, elle devient dangereuse. L’eau qui s’accumule sur l’asphalte n’a généralement pas le temps de sécher avant la tombée du jour, ce qui laisse place à la formation de glace noire.
S’il mouille pendant la journée, vous pouvez être certains que, pendant la nuit, il y aura de la neige dans plusieurs endroits du Québec. Je pense notamment au Parc des Laurentides, où les tempêtes de neige peuvent arriver à tout moment durant la période printanière.
Le printemps est communément appelé la saison du lave-vitre. Si vous aviez l’impression d’en avoir utilisé beaucoup pendant l’hiver en gardant deux bidons dans votre camion en permanence, prenez-en deux de plus pour le printemps!
Malgré ses inconvénients, le printemps demeure source d’espoir pour les journées chaudes qui s’en viennent. Évidemment, pour les plus frileux d’entre nous qui avons roulé tout l’hiver les fenêtres fermées et le chauffage ouvert, nous sommes enfin capables de fermer l’interrupteur et de rouler la fenêtre baissée.
Pourquoi est-ce que je préfère le printemps sur la route? Parce que la saison des vacances n’est pas commencée, parce qu’il n’y a pas encore trop de touristes au pied carré, parce que les haltes routières ne sont pas pleines de roulottes qui nous empêchant de stationner pour que nous puissions dormir, etc. Je retrouve la tranquillité que j’aime combinée avec de belles journées ensoleillées.
Ah, et les nids de poule qui apparaissent… pas besoin de vous en parler 😉
Pour ceux qui travaillent à l’extérieur
Le printemps est encourageant, mais il n’en demeure pas moins compliqué pour les routiers qui travaillent dehors. Les changements de température sont difficiles à prévoir et plus souvent qu’autrement nous ne sommes pas vêtus correctement.
Par exemple, le lundi, il neige et il fait -12 degrés Celsius : donc, tu portes un bon manteau. En revanche, le lendemain, il fait 6 degrés : porter une veste à capuchon (hoodie) est largement suffisant. Plus souvent qu’autrement, nous nous changeons au fil de la journée. Un autre exemple : lorsque je chargeais mon premier voyage pendant la nuit, vers 3 heures du matin, je portais un manteau et il n’était pas de trop! Cependant, en livrant ma dernière cargaison en après-midi, j’avais pratiquement chaud avec mon T-shirt, compte tenu de l’ensoleillement.
De plus, les cours des clients sont souvent emplies d’eau à cause de la neige qui fond. Il devient primordial d’apporter une deuxième paire de bas et des bottes de rechange au cas où la livraison s’effectuerait dans l’un de ces trous d’eau.
Pas besoin de vous dire qu’au printemps, le camion devient pire qu’une garde-robe. D’ailleurs, dans un D-Cab, il manque un peu de place pour tout apporter…
L’appréhension du tourisme
Bien que penser à l’été qui arrive nous rend généralement de bonne humeur, nous savons aussi que les inconvénients de la saison estivale sont imminents. Pendant l’été, la température est plaisante, les routes sont sèches, la nuit est assez chaude pour livrer en coton ouaté, les paysages sont magnifiques sous les rayons du soleil, MAIS…
Oui, il y a un « mais ». En été, les routes sont pleines de touristes de toutes sortes. Pour commencer, il y a les touristes du Québec. Ceux-ci sont plutôt pressés, ils ne sont généralement pas un problème pour les camionneurs. Cependant, depuis deux ans, ils sont nombreux, ce qui peut occasionner des bouchons de circulation à des heures insensées.
Ensuite, il y a les « touristes d’ailleurs ». Ceux-ci sont généralement très lents, ils veulent tout voir. C’est aussi ce type de touristes qui ne roulera jamais au-delà de 70 km/h, même dans les zones rapides où la vitesse permise est de 90 km/h. Ceci est très frustrant pour les camionneurs. Nous travaillons sur la route et, en nous ralentissant, ces touristes allongent notre journée de travail qui est déjà bien longue.
Pour finir, il y a les « charrieux de vaisselle », petit surnom affectueux que les camionneurs donnent aux caravanes (« campers ») et roulottes de toutes sortes. Ces vacanciers sont spéciaux : ils roulent vite dans les zones rurales ou encore dans les zones de dépassement, mais roulent lentement sur les autoroutes ou routes rapides. Il est donc impossible de les dépasser. Le camionneur, pris derrière une caravane pendant plusieurs heures, finira assurément sa journée avec une humeur massacrante.
Le plus gros problème en ce qui concerne les roulottes est que leurs conducteurs les stationnent en bordure des haltes routières pour dormir, plutôt que de louer des espaces sur les terrains de camping. Nous, camionneurs, NE POUVONS PAS dormir dans les campings… Il serait grandement apprécié que vous fassiez un effort pour ne pas encombrer les haltes routières, le seul endroit où nous pouvons dormir.
Les passionnés de chrome
Le printemps sonne également l’alarme pour les vrais passionnés de camions. En effet, c’est à ce moment que les camions sont envoyés au « dégraissage ». Beaucoup de propriétaires font graisser le chrome sur leur camion pour la période hivernale. Ceci a pour but de protéger le camion des effets néfastes du sel et du calcium, entre autres choses.
Au printemps, cette protection est retirée; ensuite, le chrome est poli pour lui redonner son effet miroir et sa brillance. Bref, c’est comme une remise à neuf.
De plus, ceux qui ont de belles roues spéciales pour l’été les réinstalleront, ceux qui ont un pare-chocs qui s’abaisse recommenceront à l’utiliser, etc. Il n’est pas nécessaire de vous expliquer qu’en gros, les camions seront mis sur leur trente-et-un tout au long de la saison estivale.
Êtes-vous des passionnés de printemps?
Bien que le printemps apporte son lot de bons et de mauvais côtés, il demeure ma saison préférée. Rien n’équivaut à cette tranquillité sur la route sous un soleil éblouissant. Rien n’équivaut à la fraîcheur des matins, mais tolérable sans porter de manteau. Mais surtout rien n’équivaut au sentiment de bonheur que j’éprouve quand je me dis : « C’est fini la neige, elle fond pour de bon ».
Encore une fois cette année, j’ai hâte de découvrir les camions en mode été. Soyez certains que je les admire avec des yeux brillants, pleins d’étoiles.
Si je ne vous ai pas convaincus d’aimer le printemps, expliquez-moi pourquoi 😊
2 Commentaires
Bonjour chère Alexanne,
Extrêmement très bon texte, très intéressant et très bien écrit soit dit en passant, et qui nous fait découvrir votre métier vraiment très intéressant et pas facile avec le très peu de gens courtois sur la route de nos jours en plus, où tout le monde ne pense qu’à eux et pas à vous qui conduisez ces grosses machines. Ces gens pour la plupart ne savent pas que vous transportez des matières dangereuses en plus du poids immense de vos cargaisons et du danger qu’elles représentent..
Anyway, anytime, vous avez tout mon respect Alexanne, je vous admire tellement tous pour le travail très important et très risqué que vous accomplissez, le tout en sécurité, passes le message à tes collègues si tu en ressens le besoin, dont à mon grand chum Nick que tu connais,
Soyez assurés de toute l’admiration que j’ai pour vous tous, n’hésitez pas pour venir me voir quand vous avez des questions, ce sera toujours un plaisir moi aussi de vous partager ce que nous faisons,
Bonne journée Alexanne, merci encore de m’avoir permis de lire sur le métier que vous faites et que j’admire, mais dont je ne connaissais tout ce que tu as mentionné dans ta très intéressante rubrique,
Steeve-O MetallicA Slipknot Death
…et j’ai oublié le plus important, Rammstein 🇩🇪