Un voyage de moto en solo, c'est un peu comme un pèlerinage...
À chaque année, depuis que je fais de la moto, je me réserve un petit séjour, seule avec moi-même et ma moto. Ce rendez-vous amoureux, avec mon cheval de fer, me permet de faire le point et de me donner de nouveaux objectifs de vie.
C’est un peu comme un pèlerinage dans lequel je me choisis. Avez-vous déjà envisagé une telle aventure ?
La moto pèlerinage : être bien organisée et préparée
Ma première randonnée en solo s’est déroulée au cours de l’été 2019. Je suis partie de Ste-Angèle-de-Monnoir vers la rivière Mataouin. Avant de partir, je me suis assurée d’avoir tout ce dont j’avais besoin pour faire un voyage solo sécuritaire. J’ai également pris soin de m’assurer que ma moto était bien en ordre et j’ai fait faire mon changement d’huile.
Je me suis aussi bien préparée. J’avais mes outils pour des réparations mineures, mon ensemble de pluie, ma bouteille d’eau, ma crème solaire, une petite barre protéinée et également mon portefeuille avec mes immatriculations et permis. Il faut ajouter aussi mes vêtements qui, à mon grand désarroi, ne sont pas assez nombreux.
Ce premier voyage de trois jours me rendait bien fébrile à l’époque : seule à décider de la route à prendre, seule à décider des arrêts, seule à décider des endroits où dormir… C’était tout nouveau pour moi, car j’ai beaucoup de difficulté à apprivoiser la solitude.
À ce moment-là, je n’avais jamais pensé que ce voyage m’apporterait également l’occasion de réfléchir à la vie.
Le plaisir de parcourir des kilomètres
Quand on part pour ce genre d’expédition, ce n’est vraiment pas la finalité de celui-ci qui importe. Il s’agit plutôt des kilomètres parcourus en cours de processus qui prennent de l’importance.
Mon premier voyage m’a permis de longer la route 132 et, sur le chemin du retour, la route 138. Ce qui m’a le plus marqué de cette première expérience, c’est combien il y a de merveilleux paysages au Québec et combien on ne prend pas le temps dans nos vies effrénées d’apprécier ce qui nous entoure.
Quand on est seule à moto, on n’a pas la préoccupation de se concentrer à suivre les autres motocyclistes. On est là dans notre moment présent et chaque couleur qui colore notre croisade devient un moment unique à savourer.
De plus, conduire seule sa monture permet de s’ouvrir davantage à nos sens. On découvre des sons à entendre, des parfums à sentir, des visuels à garder en mémoire et aussi le vent sur la peau du visage. Cet appel aux sens est magique et, en étant seule, il devient encore plus fort.
Un autre aspect essentiel que j’ai réalisé lors de cette randonnée, c’est combien le fameux GPS sur nos cellulaires est utile. Je n’ai pas le sens de l’orientation et c’est très difficile pour moi de ne pas me perdre. Je suis donc partie avec le livre « Le Québec à moto » qui est rempli de belles routes et d’endroits à découvrir, mon téléphone cellulaire accroché au guidon de ma moto.
Un petit tuyau, comme cela en passant : il est à noter qu’il est possible d’aller dans les paramètres sous l’onglet « plan », de choisir l’option « itinéraire en voiture » et de mettre l’option « éviter les autoroutes ».
Cette trouvaille, qui m’a été partagée par un ami motocycliste, m’a permis de découvrir plusieurs belles petites routes inconnues, de vrais bijoux quand l’envie me prend de faire une petite randonnée solo d’une journée.
Il faut savoir aussi que la météo peut changer très vite : alors, avec mon imperméable dans mes sacoches, je suis prête à tout. Cependant, j’ai la chance d’avoir tout l’été de congé : donc, j’ai le loisir de planifier mes voyages solos en tenant compte de la météo.
Moment de recueillement essentiel pour cheminer
Pendant mes voyages solos, je me fais un point d’honneur de prendre le temps d’écrire ce qui m’a habitée en finissant mes journées. Encore une fois, mon cellulaire devient un outil merveilleux pour le faire. Je vais dans mes notes et j’écris tout ce qui m’a traversé l’esprit.
Ce qui est bien avec cet utilitaire, c’est que l’on peut se faire parvenir nos notes via courriel, les imprimer et se faire un magnifique carnet de voyage qui recense non seulement nos coups de cœur découverts lors de notre parcours, mais également les sentiments, les impressions, les réflexions et les décisions qui ont émergé de cette fabuleuse expérience.
Ne pas avoir peur de modifier l’itinéraire de son moto pèlerinage
Parmi mes voyages solos, celui qui demeure certainement mon préféré est mon aventure sur la Côte-Nord ; je suis partie de chez mes parents à Tadoussac pour me rendre à Natashquan. Je devais faire cette randonnée en trois jours.
Mais une fois sur place, j’ai senti le besoin de prolonger le séjour et je suis finalement partie pour une durée de sept jours.
D’une part, il faut être bien organisé pour se lancer dans une aventure solo mais, d’autre part, il faut aussi laisser la chance aux décisions non prévues. Ces revirements de situations permettent de rendre les voyages encore plus beaux et nous déstabilisent pour le mieux.
C’est ainsi que j’ai trouvé sur ma route un petit commerce, pas loin de Mingan, qui louait des roulottes : j’ai pu ainsi explorer pour une première fois ce type d’hébergement. Ajouter ces quelques jours « formule camping » à mon voyage m’a permis de vivre deux croisières fantastiques : celle de l’île aux Perroquets pour observer les macareux et celle de la visite des monolithes.
L’ajout de ce genre d’activité à mon voyage solo a été pour moi un plaisir supplémentaire qui a marqué mes souvenirs. Parfois, on souhaite tout voir rapidement et cette façon ne permet pas de cristalliser ce qui nous arrive et d’intégrer.
Mes voyages solos me permettent vraiment de profiter de chaque trouvaille et de les apprécier à leur juste valeur pour en faire des moments uniques.
Les gens que l’on croise sur notre route
Il y a aussi les rencontres avec les gens qui parsèment notre voyage. À Havre St-Pierre, j’ai eu la chance de croiser deux motocyclistes qui avaient assisté à l’un de nos rassemblements avec le MDMQ. Nous avons discuté des enjeux des motocyclistes et ce beau moment d’échanges m’a fait le plus grand bien.
J’ai également eu la chance de me rendre dans la boutique de cuir « Cuir à cœur ». J’y ai fait la rencontre du fils de Gilles Vigneault. Le temps s’est arrêté pendant que cet homme me gravait un bracelet qui symbolisait mon voyage.
Nous avons jasé pendant des heures de la vie et de son enfance à Natashquan. J’ai tellement appris en écoutant cet homme. Ce moment restera certainement gravé dans mon cœur jusqu’à la fin de mes jours.
Il y a aussi les possibilités d’invitation que l’on saisies. La veille de mon retour, j’ai eu la chance d’accepter l’invitation d’une amie qui était propriétaire d’une belle maison centenaire, jadis une auberge. Cet arrêt dans un beau petit village près de Baie-Comeau a été vraiment parfait. J’ai été accueillie avec gentillesse et j’ai vraiment apprécié.
Des petites mésaventures qui nous font sourire après coup et nous font prendre de l’expérience
Pour terminer, je ne dois pas passer sous silence ma mésaventure en fin de voyage. C’était en fin d’après-midi et je retournais chez mes parents à Tadoussac. Il ne me restait environ qu’une heure de route avant d’arriver à destination. Je me suis arrêtée sur le bord de la route en vitesse pour enfiler ma veste chauffante puisque la température se mettait à chuter.
Ne jamais faire les choses rapidement : je l’ai appris à mes dépens. J’ai malheureusement laissé ma sacoche de cuisse sur mon banc et j’ai repris ma route. Un peu plus tard, je devais m’arrêter pour mettre de l’essence. À mon grand désarroi, aucune sacoche à ma cuisse… Les idées se bousculaient dans ma tête.
Une chance que j’avais écouté le conseil d’un ami qui m’avait suggéré de toujours laisser un petit 20$ dans l’une de mes valises. J’ai mis de l’essence et j’ai fait le chemin inverse à la recherche de ma sacoche. Je savais où je m’étais arrêtée mais, arrivée sur place, aucune trace de celle-ci. J’ai avisé les autorités policières qui m’ont dit de rester sur place.
Un peu découragée, j’essayais de penser à la manière dont j’allais m’organiser. Un si beau voyage qui se terminait de cette façon ! Environ dix minutes après mon appel aux policiers, je recevais un coup de fil d’une gentille dame d’un dépanneur, situé à environ 10 minutes de l’endroit où je me trouvais.
Elle m’a dit qu’une personne avait trouvé ma sacoche et qu’elle avait celle-ci en sa possession. Mes prières à Saint-Antoine-de-Padou avaient été exaucées! C’est ainsi que mon voyage s’est terminé : en beauté.
Je suis encore à me questionner où je vais me rendre pour mon prochain pèlerinage. Je suis ouverte à vos idées. N’hésitez pas à commenter et à nous parler de vos futurs projets de moto solo pèlerinage!
2 Commentaires
Bravo Sophie! C’est en plein ça les voyages moto solo. J’adore ton papier, c’est bien écrit. J’ai commencé ça en 2019 également. J’étais allé au Cap breton, en passant par la côte acadienne. C’est comme aller au bout de soi même, aller à la rencontre des gens, du pays, des odeurs qui nous entoure. Personnellement, j’aime beaucoup l’automne avec ses couleurs, ses températures un peu plus fraîches, moins de tracas pour réserver une chambre quelque part.
Cette année, je m’apprête à partir en Gaspésie, …. Pour commencer, mais je sais pas trop où je vais finir. Hahaha.
Merci pour ce beau texte,
Je suis un homme récemment séparé d’une relation de 8 ans avec qui j’ai énormément voyagé à moto. Maintenant j’envisage de faire mes road trips seul et je crois bien que je vais découvrir mille et une chose sur moi et ma capacité de bien vivre seul
Merci encore pour ce boost