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Repousser ses limites à 54 ans!
Récemment, j’ai eu la chance de lire « Journal d’une apprentie MOTARDE », écrit par Francine Gaulin. On peut y suivre son cheminement pour obtenir son permis de moto à l’âge de 54 ans : la preuve qu’il n’y a pas d’âge pour réaliser ses rêves! C’est comme si on lisait son journal intime. Elle confie ce qu’elle ressent, ses questionnements, ses doutes, ses joies, ses craintes… Exactement ce genre de choses que j’écrivais dans mon propre journal quand j’étais au secondaire. Mais là, ce ne sont pas les aventures d’une pré-ado qu’on suit, mais bien celles d’une motarde en devenir et elle a beaucoup plus à gérer que des amourettes de filles de 12 ans!
J’ai eu le privilège de la rencontrer à Sorel dans un superbe restaurant nommé « Cabaret des années folles ». C’est donc autour d’un déjeuner copieux et avec une vue magnifique sur le fleuve que j’ai pu en apprendre un peu plus sur cette femme.
Pour te mettre en contexte, voici le petit résumé que tu peux lire à l’endos de son livre :
Pour te mettre en contexte, voici le petit résumé que tu peux lire à l’endos de son livre :
Filer vers l’inconnu en toute liberté!
Comment prendre sa place dans un groupe de motocyclistes lorsqu’on n’aime pas se faire ballotter à vive allure sur la selle passagère de la moto de son conjoint? C’est simple, on apprend à piloter son propre bolide!
Ce récit relate les démarches entreprises par Francine Gaulin, une apprentie motarde cinquantenaire résolue à maîtriser ce véhicule à deux roues qui fait légende. Chaque étape de son parcours contribue à la naissance chez elle d’une véritable passion, laquelle se transforme en une thérapie salvatrice quand arrivent les coups durs.
Attention : ce livre contient des motos qui tombent, des pneus crevés et des averses affrontées sans imperméable. Il raconte également des paysages bucoliques, des milliers de kilomètres sillonnés avec le sourire fendu jusqu’aux oreilles et le plaisir contagieux de réaliser un rêve… peu importe son âge!
Motarde indomptable et avide de sensations fortes, Francine Gaulin nous invite à partir à l’aventure le cœur léger, puis à nous laisser porter par le souffle enivrant de la liberté.
Un petit deux heures de moto et un dimanche ensoleillé me mènent à la rencontre de la femme dont je lis le livre depuis deux semaines. Je suis fébrile puisque j’ai l’impression de bien la connaître alors que je ne l’ai jamais vue de ma vie! Elle est déjà sur place et, dès nos premiers échanges, je sens qu’elle est aussi fébrile que moi.
On passe la première heure à discuter de nos parcours respectifs et elle s’intéresse au mien au même titre que je m’intéresse au sien. Je pensais qu’on parlerait uniquement de son livre, mais elle me posait beaucoup de questions sur mon cheminement et ça m’a agréablement surprise. La discussion était fluide et je n’ai pas vu le temps passer. Voici ce qui en est ressorti.
Francine, ça fait pas mal longtemps que tu es avec ton conjoint François (qu’on découvre aussi tout au long du récit et qu’on adore) et, lui, il a toujours été un passionné de deux roues. Donc, quel a été l’élément déclencheur, là où tu t’es dit « Ok je le fais! »?
J’ai toujours eu une passion pour le deux roues, le sentiment de liberté et la vitesse. Plus jeune, j’ai fait beaucoup de vélo. Je ne sais pas si ça vient de là, mais c’est déjà une bonne base. Quand François a joint le Club Moto BMW de Montréal, j’ai réalisé que d’être passagère me laissait sur ma faim.
J’avais l’impression que je n’étais qu’une spectatrice alors que j’avais envie de faire partie de cette belle famille. C’est à la suite d’une balade avec eux dans les Adirondaks que je prends la décision d’arrêter de faire le sac de patates à l’arrière de la moto de François. Ce fut la pire expérience de moto de ma vie et c’est celle qui m’a donné envie d’avoir mon guidon à moi!
Étant donné ton âge et le fait que tu es une femme, est-ce que tu as déjà ressenti un jugement venant de la part des enseignants de l’école de conduite, des autres élèves ou des autres motocyclistes?
Pas du tout! Je ne me suis pas sentie jugée une seule fois, on ne s’est pas moqué de moi du tout. Au contraire, les autres élèves étaient très protecteurs envers moi. Par exemple, durant mes cours sur la route, chaque fois que j’avais un pépin, j’avais toujours quelqu’un qui s’empressait de me venir en aide. La pression, c’est moi qui me la donnais toute seule. Je n’avais pas envie de ralentir le groupe, c’était ma plus grande crainte.
Finalement, tu te rends compte que tout le monde est là pour la même raison et on y va chacun à notre propre rythme. Les enseignants sont fiers de former les prochains motocyclistes et ils aiment voir que les femmes embarquent de plus en plus dans ce beau projet.
Tu détailles beaucoup tes randonnées dans ton livre. Est-ce que tu voulais aussi partager un peu avec les lecteurs les coins de pays que tu visitais afin de donner des idées d’itinéraires à d’autres motocyclistes?
Je pense qu’inconsciemment c’est un peu ce que j’ai fait. Je ne voulais pas faire un guide de moto, loin de moi cette idée. Mon livre est sous forme de journal. Au même titre qu’un journal de bord, j’ai décrit tout ce qui se passait dans ma journée comme mes itinéraires, ce que j’ai ressenti à un moment précis, et c’est vraiment ce que je ressentais à ce moment-là. Les questionnements que j’ai eus après tel ou tel évènement, ce sont vraiment les questions qui me venaient à l’esprit à cet instant. Donc oui, dans un sens je voulais partager les routes que j’ai prises et tant mieux si ça peut donner des idées aux lecteurs.
SPOILER ALERTE !!
En cours de route, on apprend que tu es atteinte d’un cancer du sein. Comment ça se passe de ce côté-là?
J’ai terminé mes traitements de radiothérapie, mais je ne suis pas encore en rémission. Je suis surveillée de près et j’ai bien hâte de mettre tout ça derrière moi. Ce fut une épreuve très difficile et j’ai même cru ne plus pouvoir conduire ma moto à un moment. Je me suis dit : « Dites-moi que je n’ai pas fait tout cela pour une seule saison de moto! J’en veux encore!!! ». Je suis allée passer mon examen sur la route trois semaines après avoir reçu mon dernier traitement. C’était important pour moi d’aller jusqu’au bout. Je vais pour la première fois cette année participer à la « Ride de filles ». Partager la route avec des femmes qui ont vécu la même chose que moi, voir que je ne suis pas toute seule… J’ai hâte d’y être!
Quel est le plus beau souvenir de ton parcours?
Ouf… ce n’est pas facile comme question… Je dirais que, si je ne dois qu’en choisir un seul, ce serait la première randonnée que j’ai faite avec le Club sur ma petite Honda : un premier 500 km en une journée sur une petite moto à suivre des motos beaucoup plus puissantes. Et surtout, c’était la première fois que je roulais avec mes amis du Club. Ce n’est pas tous les jours qu’une passagère revient… au guidon! J’étais tellement fière! Tout le monde m’a félicitée et les autres passagères m’enviaient beaucoup d’avoir eu le courage d’obtenir mon permis. C’est aussi ce qui m’a menée à ma première BMW. J’avais envie d’être membre à part entière.
Pourquoi as-tu souhaité partager ton expérience avec les Chicks And Machines?
Je vous suivais depuis un moment déjà et je trouvais ça super de voir des femmes qui affichaient leur amour pour le deux roues et les autres sports motorisés. Je trouve ça cool de voir la relève et de voir tout le chemin parcouru depuis quelques années. On voit de plus en plus de femmes à moto, en trois roues, en motoneige et c’est parfait comme ça! Vous donnez une tribune à ces femmes-là et une gang à qui elles peuvent s’identifier.
Que dirais-tu aux femmes, peu importe leur âge, qui hésitent encore à se lancer dans une pareille aventure?
Je pense que les obstacles qu’on a, c’est souvent nous-même, ce sont des obstacles qu’on se met dans notre tête. Si on est assez en forme pour le faire, je ne vois pas pourquoi on ne le ferait pas. Ce n’est pas si pire que ça finalement et, si les hommes peuvent le faire, alors pourquoi pas nous?
Regardez, moi je l’ai fait et j’avais un cancer du sein. Si j’ai pu le faire dans mon état et que vous êtes en santé, et bien profitez-en! N’attendez pas de ne plus pouvoir en profiter justement. Si vraiment tu as peur et que ça te terrorise, et bien le trois roues est une belle alternative.
Si ta seule hésitation c’est « Est-ce que je vais aimer ça? », vas-y fonce, essaie-le : tu vas te rendre compte que c’est pas mal moins dur que ça en a l’air. Il faut y aller le plus tôt possible, parce que je me dis que, si je ne survis pas à cette épreuve-là, j’aurais tellement aimé le faire à ton âge. Alors je dis : pourquoi pas?
Je te remercie tellement d’avoir pris le temps aujourd’hui de venir me rencontrer. Ce fut pour moi une très belle journée. J’ai bien aimé te lire, mais prendre ce temps pour discuter de vive voix, c’est encore mieux!
Merci à toi de t’être déplacée et ce fut un grand plaisir pour moi aussi. Ton parcours est très intéressant et on a beaucoup de points communs. Si jamais tu veux te joindre au Club Moto BMW de Montréal pour une randonnée, tu me laisseras savoir, tu seras mon invitée. Maintenant, j’ai vraiment envie de voir ta moto!!
Ce livre est pour tous ceux qui se demandent comment se passe la route pour l’obtention de la liberté à moteur. On s’attache à cette motarde en devenir, dès les premières lignes. Ça m’a rappelé beaucoup de souvenirs et ça m’a permis de faire des comparaisons avec ma propre expérience.
Ma rencontre avec Francine a été la cerise sur le gâteau! Une femme facile d’approche avec qui on peut parler des heures de cette passion commune. Je pense que j’aurais pu l’écouter toute la journée me raconter ses histoires de moto. Je sais que ce n’est pas la dernière fois que nos chemins se vont se croiser. Si jamais ça te dit de la suivre dans ses aventures, je t’invite à suivre son blog https://francinecrit.wordpress.com/
Bonne lecture à toi!