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La course de motoneige : pas seulement pour les gars !
Que ce soit pour le plaisir ou pour la compétition, la motoneige a toujours été un sport dominé par les hommes. Preuve à l’appui : chaque année depuis 1988, en moyenne quatre personnes sont intronisées dans le temple de la renommée Snowmobile Hall of Fame, à St-Germain, WI. Toutefois, à ce jour, seulement cinq femmes ont reçu ce prix. La première femme intronisée a été Audrey Decker en 1989, avec un profil étonnant mettant en évidence ses victoires en course ovale entre 1969-1982.
En 1960, Bessie Billberg a s’est fait remarquer lorsqu’elle s’est aventurée avec son mari et deux autres hommes sur 1770 km (1100 miles) à travers l’Alaska pour promouvoir la motoneige comme moyen de transport. L’ambition de cette quête ne doit pas être sous-estimée, car à l’époque, les motoneiges n’étaient pas équipées de suspensions pour apporter du confort sur de longues distances. Son voyage a démontré les avantages de la motoneige, qui est maintenant devenue une nécessité dans les communautés nordiques du monde entier. À bien des endroits, la motoneige est devenue la clé de la chasse et de la cueillette, et donc de la survie.
Lorsque les femmes sont entrées dans le monde des courses de motoneige, elles étaient obligées de faire la course contre les hommes. Les efforts de femmes comme Audrey et Bessie pour briser cette barrière ont beaucoup fait avancer les choses pour la femme, et c’est ultimement ce qui a donné lieu aux courses de classe féminine. Bien que le nombre de femmes coureuses ait augmenté dans le monde entier, les femmes sont toujours à la traîne derrière les hommes en matière de nombre.
Cain’s Quest
La course d’endurance en motoneige Cain’s Quest est une course annuelle qui emmène les coureurs sur un parcours non tracé au cœur de l’arrière-pays du Labrador.
Les participant.e.s sont en équipes de deux et sont munie.s. de l’équipement de survie obligatoire et des éléments essentiels qui aident les équipes à naviguer le terrain ardu.
Dans ses débuts, le parcours de la course était de 1200 kilomètres et s’est étendu jusqu’à 3200 kilomètres à ce jour. Imaginez-vous faire un aller-retour Moncton-Toronto. En matière de distance, c’est une comparaison presque égale. La différence est que vous ne le faites pas dans le confort de votre voiture.
Photo: Cain’s Quest
Mon expérience avec la course Cain’s Quest a commencé en tant que bénévole au quartier général de la course, puis en fournissant un soutien à distance aux équipes de course. C’était une excellente façon d’en apprendre plus sur la logistique et l’endurance nécessaires pour les courses d’endurance. Cette expérience a renforcé mon désir de participer, mais elle m’a laissé avec une question : pourquoi n’y avait-il aucune femme qui participait?
J’ai ressenti le besoin de briser la glace pour les motoneigistes féminines et de leur montrer que rien ne peut nous arrêter lorsque nous nous y mettons. Il ne s’agit pas de gagner la course, mais de se mettre au défi de repousser nos limites et de tester nos capacités. Les femmes ne doivent pas avoir peur de sortir de leur zone de confort.
Force et détermination
En 2012, je suis devenue la première femme à participer à Cain’s Quest, avec mon mari Jason. Avant cela, c’était une course purement masculine depuis sa naissance en 2006. C’est devenu l’une des expériences de motoneige les plus enrichissantes de ma vie. J’ai adoré pouvoir couvrir des régions reculées du Labrador et profiter de ses paysages vierges, tout en testant mes compétences de conduite et en développant quelques nouvelles techniques. Ce fut une course mémorable qui s’est terminée par une 12e place parmi 35 équipes. Je suis devenue la première femme à participer à Cain’s Quest et à franchir la ligne d’arrivée.
Je pensais vraiment qu’après avoir brisé la glace, il y aurait plus de femmes coureuses mais malheureusement, trois autres courses ont eu lieu et aucune autre femme n’a participé. J’ai donc dit à mon mari que cette course avait besoin d’une équipe entièrement féminine, pour montrer aux femmes qu’elles pouvaient y arriver. Parfois, nous avons juste besoin d’un coup de pouce des autres pour nous aider à réaliser à quel point nous sommes fortes.
Grâce aux médias sociaux, j’ai pu entrer en contact avec Rebecca Charles de l’Alaska qui participe également à des courses d’endurance, ainsi qu’à des courses ovales d’époque (vintage). Nous nous sommes associées et sommes devenues l’équipe Virago, qui signifie « femme guerrière ». Nous avons formé une équipe de force et de détermination.
Notre objectif était d’inspirer les femmes à poursuivre leurs rêves et à se mettre au défi de repousser leurs limites.
Nous avons partagé notre voyage de préparation à la course sur les médias sociaux afin que d’autres puissent suivre notre expérience et apprendre ce qu’il faut pour faire partie d’une course de cette taille.
Des équipes féminines sur la liste
À notre grande surprise, une deuxième équipe entièrement féminine s’est inscrite à la course de 2020 : Team Wild Arctic Expeditions de la Finlande. Ensemble, nos deux équipes ont inspiré des femmes de tous âges à travers le monde, et en particulier le Labrador. Chaque point de contrôle auquel nous nous sommes inscrites débordait de partisan.e.s de la course qui encourageaient les équipes féminines. Les histoires qu’elles nous ont racontées et le soutien qu’elles nous ont apporté nous ont donné l’énergie nécessaire pour continuer à avancer pendant ces longues journées.
La distance entre chacun des 18 points de contrôle variait, mais notre plus longue randonnée sans arrêt de repos a été une journée de 20 heures. Parmi les 18 points de contrôle, il y a trois arrêts obligatoires de 12 heures, ainsi que 10 heures d’horaire flexible à prendre pour soi. Ceci est conçu afin de garantir que les coureurs bénéficient d’un repos raisonnable pour des raisons de sécurité. Les conditions de conduite, les capacités, la préparation et la chance déterminent le temps qu’il faut à chaque équipe pour se rendre à l’aire de repos.
Pendant 5 jours, nous avons connu des températures de -40 degrés Celsius, de la neige profonde, des étendues d’eau, des conditions de neige aveuglantes et des paysages rocheux. Nous avons eu la chance que notre préparation et nos motoneiges bien construites aient limité notre temps d’arrêt. Seules des réparations mineures ont été nécessaires sur nos motoneiges. Conformément aux règles, nous avons dû faire ces réparations nous-mêmes. Nous avons parcouru un total de 3405 kilomètres jusqu’à ce que nous atteignions enfin la ligne d’arrivée.
Entourées de fans qui ont suivi chaque centimètre de notre parcours pendant près de deux ans de préparation. Nous avons terminé la course en 13e position sur 48 équipes. Les émotions qui ont suivi allaient du soulagement à l’excitation. L’équipe Virago est devenue la première équipe entièrement féminine à conquérir Cain’s Quest.
Il ne s’agit pas de gagner, mais de vivre l’expérience
Mon esprit compétitif n’est pas féroce : je préfère les expériences aux victoires. J’ai des images de la course Cain’s Quest qui seront gravées dans ma mémoire à tout jamais. J’ai vu la beauté de la nature sous des angles que certaines personnes paient cher pour voir. J’ai pu vivre tout cela à deux reprises : une fois avec mon mari à mes côtés, et une fois avec une grande amie. La camaraderie qui accompagne cette course est tout à fait étonnante. Je me suis fait des ami.e.s pour la vie avec qui je fais de la motoneige, mais aussi avec qui je passe les vacances d’été.
Si vous voulez en savoir plus sur la course d’endurance en motoneige Cain’s Quest, vous pouvez les suivre sur Facebook ou visiter www.cainsquest.com. Pour en savoir plus sur les aventures que l’équipe Virago a vécues avant et pendant la course, consultez la page Team Virago-Snowmobile Endurance Team sur Facebook et Instagram.
J’espère que je vous ai inspiré.e à vous inscrire!
Articles cités
https://snowridermag.com/2009/10/18/first-women-in-snowmobile-racing/