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Réflexion et recommandations pour diminuer les accidents de moto
Cet article se veut une réflexion sur les accidents de moto. La saison estivale est commencée et, malheureusement, certains motocyclistes ont déjà été victimes d’accidents graves ou mortels. Le risque élevé de blessures est certainement une donnée non négligeable dans les accidents impliquant des motocyclistes.
Devant ces données sans cesse à la hausse, je trouvais important de m’exprimer afin de sensibiliser davantage les gens sur ces malheureux accidents qui arrivent aux motocyclistes.
Quelques facteurs qui pourraient expliquer les accidents de moto
Il est vrai que la vulnérabilité des motocyclistes est un facteur important, mais voir un accident causé par un téléphone cellulaire, une distraction ou une mauvaise manœuvre, c’est d’une tristesse absolue. Des vies sont chamboulées en une fraction de seconde par la vitesse, par des inattentions, par des gestes d’impatience, etc.
Il est important de se souvenir que la route est faite pour être partagée entre tous ses usagers. De plus, chaque personne, qui possède un permis de conduire, a la responsabilité fondamentale de conduire avec intelligence. Conduire, c’est un privilège avec des obligations, comme respecter les lois et faire preuve de courtoisie.
Ce qui est important de comprendre, c’est qu’une multitude de causes peuvent expliquer ces accidents. Mais il faut savoir que la prudence, la vigilance et l’expérience seront toujours des facteurs déterminants dans l’amélioration des bilans routiers et garants d’une diminution des accidents de la route.
Mieux comprendre les données sur les accidents de moto recueillis par la SAAQ
Au printemps 2020, un de mes grands amis Valère Soucy, lui-même victime d’un accident de motocyclette, a décidé de créer une page Facebook afin de répertorier les accidents de moto. Le but de cette initiative est de mettre en lumière les causes de ces accidents et de conscientiser à la fois les motocyclistes et les automobilistes.
Il sera peut-être même possible d’établir, grâce aux informations recueillies, des liens ou des conclusions. Ceci pourrait guider les réflexions lorsque viendra le moment de regarder les faits entourant les circonstances des accidents mortels et des accidents avec des blessés graves pour l’année 2020. Une belle occasion de mieux comprendre les données recueillies et analysées par la SAAQ à chaque année.
Rapport d’accident de moto de la SAAQ 2019
Un rapport de la SAAQ, paru en 2019 et réalisé par un comité d’experts, présente une analyse des accidents mortels impliquant des motocyclistes. Ce comité avait comme mandat de mieux comprendre les causes des accidents mortels impliquant des motocyclistes.
Avec les constats de cette analyse, le comité d’experts sur la sécurité des motocyclistes a émis des recommandations. Certaines sont déjà en cours de réalisation, d’autres le seront à court ou à moyen terme. Ceci est vraiment positif puisque nous sentons une réelle préoccupation en vue d’améliorer le sort des motocyclistes.
Voici ces recommandations:
- Instaurer des conditions d’accès selon l’état du dossier de conduite pour tous les nouveaux conducteurs de motos.
- Poursuivre l’analyse sur l’efficacité d’un modèle d’accès progressif pour les motocyclistes qui désirent conduire des motos à risque ou de fortes cylindrées, ainsi que la possibilité de revoir la catégorisation des motos.
- Imposer l’exigence du zéro alcool pour tous les apprentis motocyclistes.
- Mettre en ligne un espace Web destiné à l’éducation à la sécurité routière afin de rendre accessibles différentes ressources soutenant l’apprentissage de la conduite d’une moto.
- Mettre en place une mesure incitative financière afin d’encourager les motocyclistes à suivre des cours de perfectionnement ou de rafraîchissement, notamment en début de saison.
- Faire connaître davantage les différentes données portant sur le bilan routier des motocyclistes, les causes d’accidents et les risques de la route.
- Déployer des actions de sensibilisation s’adressant aux motocyclistes qui porteront sur les principales causes des accidents, telles que l’inexpérience et le comportement du motocycliste (vitesse, témérité, facultés affaiblies).
- Traiter de la problématique des facultés affaiblies par l’alcool et les drogues dans les messages et les outils de sensibilisation.
- Souligner les bonnes pratiques et les bons comportements, notamment à l’aide de porte-parole crédibles et influents.
- Poursuivre la sensibilisation à la présence des motocyclistes auprès des autres usagers de la route en les incitant à être vigilants et à anticiper leur présence.
- Poursuivre la promotion des équipements pouvant améliorer la visibilité de la moto et du motocycliste.
- Poursuivre la promotion du port de vêtements de protection et d’accessoires de sécurité.
- Remettre sur pied la Table de concertation entre le ministère des Transports du Québec et des associations de motocyclistes afin que la vulnérabilité des motocyclistes soit prise en compte lors de la conception des infrastructures et de l’aménagement de l’environnement du réseau routier.
- Assurer une veille sur les nouvelles technologies pouvant améliorer la sécurité des motocyclistes.
Source : https://saaq.gouv.qc.ca/fileadmin/documents/publications/rapport-comite-securite-moto.pdf
La formation est-elle suffisante ou inadéquate?
Il est certain que ces recommandations ont été faites en fonction des accidents mortels et non pas en fonction des accidents avec blessés graves qui ont également un impact sur le bilan routier.
Cependant, certains faits importants sont identifiés et méritent réflexion. Pa exemple, on constate que plusieurs accidents mortels impliquent des motocyclistes ayant moins de trois ans d’expérience de conduite. Est-ce que la formation reçue est suffisante et adéquate ?
Pour ma part, étant une jeune motocycliste qui débute sa quatrième saison, je trouve que non. En fait, mes cours m’ont préparée à réussir l’examen en circuit fermé de la SAAQ, mais pas à faire face à diverses situations problématiques sur la route. Il n’y a que trois sorties sur la route, qui totalisent très peu d’heures.
Comment ce minimum d’heures sur la route peuvent-elles me donner assez d’expérience pour conduire une moto et m’aider à réagir lors de situations d’urgence ?
C’est l’expérience de la route qui a consolidé mon bagage en tant que motocycliste, pas la formation reçue. C’est pourquoi la formation continue est vraiment une avenue très intéressante afin d’améliorer les compétences des motocyclistes.
Envisager un système, davantage relié au dossier de conduite, responsabiliserait davantage les conducteurs. Les comportements dangereux devraient être identifiés et avoir un impact sur les primes d’assurance.
Une progression dans le choix des motos est aussi, à mon sens, un élément de réponse. Voici un exemple tiré de ma propre expérience. En théorie, je peux conduire n’importe quelle moto, puisque je n’ai aucune restriction. Il y a deux semaines, je suis allée chercher une moto pour une personne qui n’a pas encore son permis. Cependant, la moto était trop lourde pour moi et, malgré mon expérience, je n’avais pas suffisamment d’agilité pour la conduire. Ce risque est le même pour la personne qui a son permis de moto, sans avoir suivi de cours de moto (clause grand-père) et qui décide de s’acheter « la plus grosse moto » pour profiter de sa retraite et ce, sans avoir analysé ses propres capacités à la conduire.
Finalement, conduire une moto prend toute notre concentration. Conduire avec des facultés affaiblies est une aberration. C’est vraiment capital de se prendre en main et de réaliser l’importance de conduire avec toute sa vigilance et l’ensemble de ses facultés. « Avoir des yeux tout le tour de la tête » est vraiment une expression appropriée lorsque l’on conduit une moto.
L’Association pour les droits des accidentés
Malgré les précautions prises par la plupart des motocyclistes, certains d’entre eux seront victimes d’accidents. En ce sens, une association, créée Mélanie Patenaude, a vu le jour en janvier 2018 pour soutenir les accidentés de la route au Québec.
L’Association pour les droits des accidentés (ADA http://associationdroitsaccidentes.e-monsite.com/) est un organisme sans but lucratif et une ressource spécialisée dans l’aide et le support pour les accidentés de la route, les endeuillés, leurs familles et/ou aidants naturels pour la province de Québec.
Leur mission est d’éviter l’isolement par l’accompagnement en tout temps, peu importe les besoins du moment (ex. : psychologique, physique, émotionnel, informatif, etc.). Il est possible de s’inscrire via leur page Facebook pour obtenir des services et de l’aide gratuitement.
En conclusion, je souhaite à tous les motocyclistes de vivre une belle saison de moto sans accident. Le plaisir de découvrir les belles régions du Québec ne devrait jamais être assombri par un accident.
Crédit photo principale:
Photo: Éric Truchon Photographe
Modèle: Sandie M.
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Pourquoi suggère-t-on le zéro alcool uniquement pour les apprentis? On sait tous que nous avons besoin d’avoir tous nos sens en alerte quand on roule, alors avoir quelques bières dans le corps n’est certainement pas de nature à augmenter la vigilance requise pour conduire ce genre de véhicule qui offre peu de protection à ses occupants. Je n’affirme pas que les motocyclistes qui ont pris un verre sont plus à risques de causer un accident mais ils peuvent être moins enclins à réagir si une voiture leur coupe le chemin. Pourquoi ne pas imposer le zéro alcool à tous ? C’est d’ailleurs la règle pour le conducteur d’une embarcation (la SQ me l’a rappelé en fin de semaine), alors pourquoi pas pour le conducteur d’une moto ?