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Pourquoi les sujets de s’habiller à moto, de sécurité et de protection sont-ils si délicats ?
Je suis ce qu’on appelle une « motarde ». J’aime rouler avec ma veste de cuir et mes « chaps » ! Cependant, quand il fait chaud, le plaisir de rouler en camisole est très fort et je ne me cache pas qu’il m’est arrivée à quelques reprises de retirer mon manteau et de rouler légèrement vêtue.
Toutefois, depuis le 9 novembre 2020, j’ai vraiment compris l’importance de bien s’habiller. À la suite de l’accident non responsable de mon conjoint, ma perspective en matière de sécurité routière a pris un autre tournant et j’ai décidé, à travers ma plume, de conscientiser les autres motocyclistes. En fait, j’ai réalisé à ce moment ce que l’habillement peut faire comme différence et l’impact des protections.
L’accident de mon conjoint
Aucune blessure :
- Mon conjoint avait un manteau avec des protections dorsales ainsi que des protections pour les bras. Malgré un vol plané de 30 pieds, il n’a rien eu comme blessure au haut du corps.
- Il avait de bons gants rembourrés, donc il n’a rien eu non plus au niveau des mains.
Ses blessures :
- Il portait un casque qu’on appelle communément un « bol » et il a subi un traumatisme crânien en raison de l’impact du côté droit à la tête. Même après plus de 10 mois, il est en arrêt de travail et vit avec des séquelles.
- Il a eu aussi des brûlures à cause du frottement aux jambes car il portait un jeans avec aucun renforcement.
Et nos contributions pour payer les blessures :
En fait, je raconte notre histoire pour bien faire comprendre l’adage qui dit :
Ma liberté commence où celle de l’autre termine.
Nous sommes tous impliqués par les sommes qui sont, chaque année, imputées en lien avec les blessures corporelles aux accidentés.
À vrai dire, pour donner suite à une demande que nous avons faite avec le CMQ-MDMQ (dont je fais partie du C.A) pour connaître les sommes payées par type de blessures, nous avons eu comme réponse qu’aucune statistique n’existe en ce sens à la SAAQ. Cependant, nous avons réussi à obtenir un tableau montrant les sommes récurrentes versées aux blessés :
Voici le tableau en question :
En dix ans, le montant des contributions à ce niveau a doublé en remboursement. Alors, des questionnements s’imposent.
Est-ce le nombre de blessés qui a augmenté, ou plutôt les coûts relatifs aux soins de chaque blessé qui expliquent cette augmentation des coûts ?
Réponse intéressante : l’habillement
Actuellement, au Québec, nous devons obligatoirement porter des lunettes et un casque.
Au risque de me faire lapider, je trouve personnellement qu’il faudrait au minimum exiger le port d’une paire de chaussures adéquates, soit des souliers fermés ou des bottes, et ne plus tolérer les sandales ou les fameuses « gougounes ».
Le pantalon aussi serait à envisager au lieu du short et également le port d’un chandail à manches longues.
On remarque aussi de plus en plus d’adeptes de moto qui portent une veste qui protège les parties vitales du haut du corps. Elle absorbe les chocs lors d’une chute. Je trouve que c’est une merveilleuse idée et option.
En fait, mon expérience de patrouilleur en ski m’a amené à analyser plusieurs éléments en lien avec la synergie d’un accident. Selon le contexte de l’accident, les blessures seront différentes si l’impact se produit à 50 km/h versus 120 km/h. C’est différent.
Souvent, dans un impact important qui est accentué à cause de la vitesse, les blessures deviennent plus importantes. À moto, c’est souvent le cas. De plus, considérant qu’il est possible d’être éjecté de notre moto lors d’un accident, avoir ce genre de protection est un pensez-y bien.
S’habiller pour prévenir les accidents
Il faut se souvenir que ces équipements sont indispensables et peuvent prévenir plusieurs blessures lors d’un accident :
-Casque : Blessures graves au visage, au nez, menton
-Manteau : blessures épaules, lacérations graves et ecchymoses, perte de peaux importantes, blessures au dos
-Gants : lésions aux doigts et aux mains
-Pantalon protecteur : lacérations graves, ecchymoses, infections dues au contact de la chaussée, érosion et lésions des nerfs
-Chaussures : amputation orteils, blessures chevilles
Certaines personnes diront :
Oui, mais quand il fait chaud, rouler avec trop de vêtements, c’est insupportable.
Maintenant, avec le choix vestimentaire sur le marché qui en offre pour tous les goûts et qui se diversifie avec de belles opportunités de différents tissus performants qui proposent une qualité et un confort, cette excuse ne tient plus la route. Peu importe la température, avoir une tenue vestimentaire adaptée à notre mode de transport est un must.
S’habiller avec les vêtements appropriés
Selon une étude publiée en 2009 par l’ACEM, il a été noté que l’équipement de protection a contribué à réduire ou à éviter des blessures dans plusieurs cas :
Vêtements de protection portés | Pourcentage (%) d’accidents dans lesquels l’équipement était présent et a contribué à réduire ou à éviter des blessures | |
Conducteur | Passager | |
Haut du torse | 65 | 49 |
Bas du torse | 61 | 46 |
Bottes | 49 | 29 |
Gants | 44 | 25 |
Source : ACEM (2009).
Voici de petits conseils pour vous guider
En fait, il a été noté que pour avoir une meilleure protection à l’abrasion, il faut privilégier du Kevlar ou Cordura. Il faut éviter les matières synthétiques comme le polyester et le nylon, puisque ces matières brûlent la peau.
- Il faut viser des vêtements avec des protections intégrées
- Il faut trouver des vêtements adaptés aux conditions météo
- Il est préférable d’avoir des vêtements bien ajustés et confortables
En fait, plus de 55% des motocyclistes dans des accidents subissent des blessures aux bras. Un cuir d’une épaisseur minimale d’environ 1 mm offre une protection de 2,5 secondes lors d’une chute. Cette donnée est intéressante, sachant que lorsqu’on chute, ce sont souvent nos mains qui absorbent le coup en premier.
Ainsi, avoir des gants avec des renforts aux articulations et aux paumes devient un choix judicieux. Il est important aussi d’avoir des gants souples pour une meilleure préhension en prévention des accidents.
Pour les chaussures, il est à noter qu’un cuir d’une épaisseur minimale de 2,5 mm offre une résistance à l’abrasion de 5 seconde lors d’une chute. C’est aussi important d’avoir des chaussures antidérapantes qui couvrent les chevilles.
En ce qui concerne le casque, il est important de s’assurer de sa conformité aux normes prescrites par le règlement sur les casques protecteurs. Il faut se souvenir qu’un casque n’a pas une durée de vie éternelle et il faut envisager le renouvellement idéalement aux 5 ans.
Le choix d’un casque intégral est certainement la meilleure protection avec visière qui protège du vent et des intempéries. Sinon, on recommande de porter des lunettes pour protéger vos yeux. Le casque doit être parfaitement ajusté et solidement attaché; c’est un minimum pour protéger notre tête.
En cas de choc, une donnée intéressante nous mentionne que 70% des casques mal ajustés ne restent pas en place. Il faut donc prendre le temps de faire un examen de conscience et prendre nos responsabilités.
Un autre élément non négligeable est le pantalon. Le pantalon devrait couvrir entièrement vos jambes et être fait d’une matière anti-abrasive : cuir, kevlar ou cordura. Pour plus de sécurité, il est également souhaitable d’être équipé de protections supplémentaires au niveau des hanches et des genoux.
En conclusion, en matière de protection, il y a 3 grands mots à retenir pour un équipement vestimentaire approprié: protection, visibilité et confort. Il reste encore beaucoup à faire en matière de sensibilisation au niveau des vêtements de protection à porter lorsque nous conduisons une moto. Les campagnes de sensibilisation ont une portée certes mais il faut être réaliste : ce sont souvent le partage d’expérience et le vécu qui ont un impact plus grand.
Cependant, nous sommes d’avis que l’information et les discussions autour de sujets aussi importants peuvent influencer les mentalités et faire cheminer les individus. Il est certain que nous considérons que devant les chiffres, les responsables de la SAAQ et du gouvernement ont une responsabilité d’agir et doivent se pencher sur cet aspect puisque les protections exigées ne sont pas assez nombreuses.
C’est surtout la question du port des sandales et de l’exigence de vêtements longs qui selon nous doivent être au cœur des débats.
Actuellement, la FMQ, en collaboration avec d’autres partenaires, propose une belle campagne de sensibilisation à cet effet. Nous saluons cette belle initiative et espérons que celle-ci aura un impact sur le comportement des motocyclistes.
Sur ce, je vous souhaite de continuer de rouler en toute sécurité avec un équipement approprié!
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Le bon équipement de protection égal bonne ride sécuritaire